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Le Portugal sombre en silence

Alors que l’Europe et le FMI se pressent au chevet de l’Irlande, le Portugal s’enfonce dans la crise. Face aux difficultés, le gouvernement annonce un plan de rigueur sans précédent : augmentation de la TVA, gel voire baisse des salaires des fonctionnaires, diminution des aides sociales... Des mesures d’austérité perçues avec angoisse par les Portugais, déjà confrontés à un quotidien difficile.

La crise a cette particularité d’impacter différemment chaque pays, d’affecter chaque économie de façon singulière….
Certaines d’entre elles ont été frappées de plein fouet.
Ces nations, les anglo-saxons les ont surnommées les "PIGS", l’acronyme de " cochons", qui désigne le Portugal, l’Irlande, la Grèce et l’Espagne….
Les moutons noirs de l’Europe…
Voilà pour le bestiaire économique.

Mais quelle réalité recouvre-t-il ?

Pour le Portugal, pays parmi les plus pauvres d’Europe, les difficultés ne sont pas nouvelles. Une compétitivité trop faible liée à une qualification insuffisante de la population, des déficits publics en hausse exponentielle, et surtout, une corruption endémique briseuse d’espoirs, d’inventivité – voilà pour les fragilités que la crise vient accentuer encore.
Le Premier ministre, le socialiste José Socrates, a beau déclarer que le Portugal n’a "besoin de personne", le spectre d’une intervention européenne et du FMI se profile chaque jour davantage.
Le spectre ? Pour la plupart des interlocuteurs que je rencontre, cette perspective n’est pourtant pas perçue comme une menace. "Le FMI est déjà là", dans l’austérité sévère proposée par le gouvernement, me disent les uns. "Au moins, ils remettront de l’ordre dans ce système corrompu", me disent les autres.
Ce décalage entre le discours officiel et le sentiment de la rue est pour moi une première surprise.
Mais plus surprenant encore, est le silence des Portugais au milieu de ces difficultés.
S’ils ont adhéré massivement à la grève générale lancée par la CGTP et l’UGT le 24 novembre, leur protestation est restée silencieuse.
Pourtant l’angoisse est là, l’amertume aussi.
Pour les autres, l’issue est de partir.
L’année dernière, comme cette année, près de 100 000 Portugais ont quitté le pays. Parmi eux, beaucoup de jeunes diplômés, qui ne trouvent pas chez eux de perspectives d’avenir.