Selon le journal Le Monde, un ancien haut responsable de l'armement, Jean-Louis Porchier, a confirmé lors de son audition à l'Assemblée l'existence de rétrocommissions versées lors de la vente de sous-marins au Pakistan.
Reuters - Le contrôleur général des armées, Jean-Louis Porchier, a confirmé devant une mission d'information parlementaire sur l'attentat de Karachi avoir appris l'existence de "rétrocommissions" dans un contrat d'armement avec le Pakistan, écrit vendredi Le Monde.
Le retour en France d'une partie des commissions versées au Pakistan dans le cadre du contrat de vente de sous-marins, une pratique appelée "rétrocommission", est au centre d'une enquête sur cet attentat qui a provoqué la mort de 11 Français en 2002.
Lors de son audition à l'Assemblée, Jean-Louis Porchier, qui a lui-même enquêté sur le contrat Agosta de 1994, a mentionné ses contacts avec Michel Ferrier, ancien membre du Secrétariat général de la défense nationale (SGDN), selon le quotidien.
"M. Ferrier m'a dit: 'ce contrat ne sert à rien. Ce contrat permet le recyclage d'argent pas très net du côté du Pakistan et du côté français, il permet de verser des rétrocommissions", a expliqué Jean-Louis Porchier à la mission parlementaire.
"Sur ces 10%, il y en avait une partie pour la campagne électorale de M. Balladur et une autre pour M. Léotard", lui aurait confié Michel Ferrier, qui s'occupait des transferts
sensibles au SGDN.
A l'époque, Edouard Balladur était Premier ministre, Michel Léotard ministre de la Défense et Nicolas Sarkozy ministre du Budget.
Entendu à son tour par les députés, Michel Ferrier a précisé que Jean-Louis Porchier avait "mis à l'indicatif des propos sans doute tenus au conditionnel", écrit Le Monde. "L'absence de certitude ne signifie pas que la corruption était absente du contrat", a-t-il cependant ajouté devant la mission parlementaire.
Soupçonnant que son rival Edouard Balladur avait pu bénéficier de rétrocommissions en marge de la vente de sous-marins pour financer sa campagne électorale, Jacques
Chirac, élu à l'Elysée en 1995, avait chargé son ministre de la Défense, Charles Millon, d'arrêter le paiement des commissions, selon plusieurs dépositions rendues publiques.
L'ancien secrétaire général de l'Elysée (1995-2002) et ex-Premier ministre (2005-2007) Dominique de Villepin a fait part fin novembre devant un juge d'instruction de ses "très
forts soupçons" quant à l'existence de rétrocommissions.
Le juge d'instruction antiterroriste Marc Trévidic estime que l'arrêt de ces paiements a pu mener à l'attentat de Karachi.
Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a refusé de transmettre à la justice les documents de la mission d'information parlementaire en arguant du principe de séparation des pouvoirs mais un député communiste, Jean-Jacques Candelier, a annoncé qu'il les transmettrait à la justice.