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Pékin redouble de fermeté à quelques heures de la remise du prix Nobel de la paix

À quelques heures de la remise du prix Nobel de la paix au dissident chinois Liu Xiaobo, en Norvège, Pékin intensifie encore la surveillance des militants chinois des droits de l'Homme et des médias étrangers.

AFP - La Chine exerçait une surveillance étroite des dissidents et des médias étrangers qu'elle censurait vendredi, à quelques heures de la remise symbolique à Oslo du Nobel de la paix à Liu Xiaobo, dont le domicile était entouré d'une sécurité très visible.

Qui assistera à la remise du Nobel ?

Une vingtaine d'États ont dit qu'ils n'assisteraient pas à la cérémonie de remise du prix Nobel de la paix au dissident chinois Liu Xiaobo : l'Afghanistan, l'Algérie, la Chine, la Colombie, Cuba, l'Égypte, l'Irak, l'Iran, le Kazakhstan, le Maroc, le Pakistan, les Philippines, la Russie, l'Arabie saoudite, le Sri Lanka, le Soudan, la Tunisie, le Venezuela et le Vietnam.

La majorité des 65 pays ayant une ambassade à Oslo seront représentés.

Ni Liu, ni son épouse Liu Xia, en résidence surveillée, ni ses proches, empêchés de quitter la Chine, ne pourront recevoir la prestigieuse récompense à propos de laquelle le régime communiste chinois n'a pas décoléré depuis son annonce il y a deux mois.

De nombreux véhicules de police, banalisés ou non, étaient stationnés aux abords de la résidence de Liu Xiaobo dans un complexe de tours de l'ouest de Pékin, où est confinée Liu Xia depuis l'annonce du Nobel, a constaté un journaliste de l'AFP.

La police relevait les noms des journalistes se trouvant aux abords de la résidence.

De nombreux proches du couple et militants des droits de l'Homme soit n'étaient plus joignables vendredi, soit faisaient l'objet d'une surveillance étroite, ont indiqué des associations.

Certains ont été éloignés de Pékin avant la cérémonie d'Oslo, d'autres ont choisi de s'absenter pour éviter les problèmes.

Li Fangping, avocat constamment surveillé à Pékin, a expliqué à l'AFP être parti mardi pour la province méridionale du Fujian, jusqu'à dimanche.

"La police m'a amené à l'aéroport", a-t-il dit, ajoutant qu'on lui avait dit de ne pas quitter la Chine et de ne faire aucune déclaration sur le prix Nobel.

 Teng Biao, autre avocat, mais enseignant également, a été emmené par la police à la fin d'un cours et conduit à l'extérieur de Pékin jusqu'à dimanche, a déclaré le groupe Chinese Human Rights Defenders.

CHRD a affirmé que Zhang Zuhua, co-auteur avec Liu Xiaobo de la "Charte 08" réclamant une démocratisation, avait été enlevé jeudi près de chez lui par la police.

D'autres militants chinois en vue avaient disparu de la circulation.

Par ailleurs, les autorités bloquaient la diffusion des programmes de télévisions étrangères traitant de la remise symbolique prévue à Oslo du prix Nobel.

Des sites internet de plusieurs médias étrangers étaient également bloqués.

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"LEURS VOIX ONT ÉTÉ BAILLONNÉES"
Pékin redouble de fermeté à quelques heures de la remise du prix Nobel de la paix

La diffusion de CNN, de la BBC et de TV5 était interrompue par un écran noir quand les chaînes consacraient un reportage à la remise du prix par le Comité Nobel, dont les membres ont été qualifiés cette semaine de "clowns" par un porte-parole de la diplomatie chinoise.

 Le site "cnn.com est complètement bloqué. Chaque diffusion de nos reportages sur le lauréat du prix Nobel est interrompue à l'écran", a indiqué Jaime FlorCruz, le chef du bureau de Pékin de la chaîne d'information américaine.

Dans un communiqué, la BBC a "confirmé que tous les sites de la BBC, pas seulement d'information, sont bloqués en Chine".

"Nous ne sommes pas les seuls. C'est la même chose pour de nombreux sites appartenant à des médias étrangers".

"Nous sommes déçus que (les Chinois) se voient interdire l'accès à notre journalisme indépendant (...) et impartial".

Le site internet de la chaîne de télévision norvégienne NRK a aussi été coupé.

Le 8 octobre, lors de l'annonce du Nobel, CNN, la BBC et la télévision francophone TV5 avaient été censurées. La télévision d'Etat CCTV n'avait pas évoqué le prix prestigieux.

La censure est très active en Chine. La Toile, fréquentée par 420 millions d'internautes, est expurgée de sites politiquement sensibles.

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Portrait de Liu Xiaobo
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Tags: Prix Nobel, Chine,