
New Delhi a déposé une requête auprès de la Cour suprême pour réclamer à l'usine américaine Union Carbide des compensations supplémentaires de 1,1 milliard de dollars pour les victimes de la catastrophe de Bhopal, en 1984.
AFP - Le gouvernement indien voudrait plus que doubler le montant des compensations financières versées par un groupe chimique américain, à 1,1 milliard de dollars, pour l'accident industriel survenu en 1984 à Bhopal (centre), a-t-on appris vendredi auprès d'un avocat.
Cet avocat du gouvernement a déclaré à l'AFP sous couvert d'anonymat que le gouvernement avait déposé une requête auprès de la cour suprême pour réclamer des compensations de 50 milliards de roupies (1,1 milliard de dollars).
"Nous voulons obtenir une compensation maximale pour les victimes de la catrastrophe", a déclaré l'avocat.
Le gouvernement a cité deux entreprises américaines dans sa requête auprès de la plus haute juridiction du pays: Union Carbide, qui possédait l'usine de pesticides de laquelle s'était échappé un nuage toxique dans la nuit du 3 décembre 1984, et Dow Chemical, qui a racheté l'usine en 1999.
Il a également cité un groupe indien, Eveready, qui avait racheté une part de l'usine d'Union Carbide en 1994.
L'accident, le pire dans l'histoire industrielle mondiale, fit les trois premiers jours entre 8.000 et 10.000 morts parmi la population de cette ville du centre de l'Inde, selon le Centre public de recherche médicale (ICMR). Les chiffres officiels évoquent 3.500 morts.
Il y aurait en outre quelque 100.000 personnes atteintes de maladies chroniques dues à la contamination des nappes phréatiques.
Dow Chemical estime que les responsabilités ont été effacées depuis l'accord de 1989 avec le gouvernement indien pour le versement de 470 millions de dollars d'indemnisations, avec abandon de poursuites pénales, mais le gouvernement avait annoncé l'an dernier vouloir chercher un moyen d'augmenter rétroactivement le montant des compensations.
Pour la première fois depuis la tragédie, la justice indienne a condamné début juin à deux ans de prison les anciens dirigeants locaux de l'usine de pesticides, des peines qualifiées d'indulgentes par les associations de victimes et l'opinion.
Le gouvernement voudrait de plus amples compensations car le bilan des victimes a été sous-estimé dans l'accord de 1989, a déclaré l'avocat, relevant en outre que le nettoyage du site n'était toujours pas achevé.
Les autorités avaient déjà demandé en 1991 à la cour suprême de réviser le montant des indemnisations mais cette demande avait été rejetée.
Pour le gouvernement, il est hors de question d'utiliser l'argent du contribuable à la suite d'un accident causé par un groupe privé, a ajouté l'avocat.