
À l’issue d’une offensive éclair, 2600 policiers et militaires ont pris le contrôle du Complexo do Alemao, un ensemble de 12 favelas devenu le bastion du crime organisé à Rio. Quelque 600 trafiquants de drogue y étaient retranchés.
L’opération a commencé à 8 heures du matin, heure locale. Une heure et demie plus tard, la police militaire annonçait avoir "reconquis le terrain" dans les favelas du Complexo do Alemao, cette forteresse du crime organisé située à Rio, dans laquelle s'étaient retranchés quelque 600 narcotrafiquants.
Cet ensemble de 12 favelas, où vivent 400 000 personnes, est dominé par le gang Comando vermelho (Commando rouge), l'un des plus anciens et des plus puissants de Rio.
L'offensive, d'une envergure jamais vue dans la ville brésilienne, a eu lieu une semaine après le début des affrontements armés entre les trafiquants de drogue et la police, qui ont fait 35 morts.
La police militaire a décidé de donner l'assaut après que les trafiquants ont rejeté l'ultimatum lancé samedi par les autorités. Durant l’offensive menée par 2600 policiers et militaires, quelques tirs sporadiques ont été entendus, mais les trafiquants de drogue n’ont opposé que peu de résistance.
Habituée des terrains des favelas, la police militaire a pris la direction des opérations tandis que l’armée assurait la sécurité en apportant un soutien logistique avec des chars et des hélicoptères.
"Nous allons fouiller maison par maison"
L’opération continue dans les favelas pour tenter de débusquer les criminels qui y sont encore retranchés et découvrir d'éventuelles caches d’armes et de drogue. "Maintenant, c'est un travail de patience. Nous allons fouiller maison par maison. Il n'y aura pas un seul endroit qui ne sera pas vérifié", a indiqué le commandant de la police militaire, Mario Sergio Duarte.
La progression des soldats et des policiers est lente, car il s'agit d'"un terrain très accidenté et il y a des risques d'embuscades ou de prises d’otage d’habitants par les narcos. Nous pouvons avoir des foyers de résistance", a expliqué le colonel de la police militaire Milton Correa da Costa. Des risques de fusillades sont à craindre dans les heures à venir.
Quatre tonnes de marijuana ont déjà été saisies, 16 fusils, une mitraillette et de nombreuses munitions, a rapporté la télévision citant la police.
Endiguer la violence avant le Mondial et les JO
"Il est désormais important que la population collabore pour que, finalement, elle ait la paix, ce qu'elle n'a pas depuis trente ans", a pour sa part affirmé le porte-parole de la police militaire, le colonel Lima Castro. La population semble avoir accueilli avec soulagement l'action de la police, qui l'a libérée de l'ordre imposé par les narcotrafiquants.
Une fois l’assaut donné, peu de personnes circulaient dans les rues. Certains habitants étaient à leurs fenêtres. D'autres ont accroché, en signe de paix, des drapeaux blancs sur leurs maisons.
Après des années d'indifférence, le gouvernement de l'État de Rio, soutenu par le président Luiz Inacio Lula da Silva, a décidé de riposter aux actes de "terreur" des trafiquants qui ont lancé une vague d'attaques, en réaction à leur exclusion des favelas pacifiées. Le temps presse pour les autorités qui veulent endiguer la violence endémique de Rio avant d'accueillir le Mondial de football, en 2014, et les Jeux olympiques d'été, en 2016.