Ex-conseiller spécial du ministre de la Défense (1993-1995), M. Donnedieu de Vabres est accusé par un ancien membre du cabinet de François Léotard d'avoir imposé les intermédiaires libanais ayant négocié la vente des sous-marins français au Pakistan.
AFP - Un ancien membre du cabinet de François Léotard au ministère de la Défense, Patrice Molle, affirme que Renaud Donnedieu de Vabres s'était occupé des intermédiaires libanais dans un contrat d'armement lié au dossier Karachi, évoquant des "rétrocommissions", dans un entretien au journal Le Monde.
"Tout Paris sait qui a imposé les intermédiaires libanais dans le dossier Agosta, Renaud Donnedieu de Vabres traitait tout cela directement, il référait en personne au ministre. Les rétrocommissions, ça ne passe pas par le cabinet officiel, ça s'est joué dans les circuits parallèles", a affirme le préfet Molle, ex-chef du cabinet civil de François Léotard au ministère de la Défense et ancien de la DGSE.
A l'époque M. Donnedieu de Vabres était conseiller spécial du ministre de la Défense François Léotard, en poste de 1993 à 1995.
Deux hommes d'affaires libanais, Ziad Takieddine et Abdulrahman El Assir, auraient été imposés par le pouvoir politique, notamment le cabinet de M. Léotard, peu avant la conclusion du contrat de vente de sous-marins Agosta conclu entre le France et la Pakistan le 21 septembre 1994, selon des témoignages versés au dossier.
Devant le juge Renaud Van Ruymbeke, qui enquête sur un volet financier de l'affaire, M. Donnedieu de Vabres a reconnu avoir rencontré les deux hommes au ministère de la Défense mais a affirmé ne pas avoir participé à la négociation du contrat, selon le compte-rendu de son audition consulté par l'AFP.
A son arrivée à l'Elysée en 1995, Jacques Chirac avait ordonné la révision des contrats d'armement ayant pu donner lieu à des rétrocommissions.
Interrogé sur les soupçons de corruption qu'avaient fait naître ces vérifications, Dominique de Villepin a déclaré jeudi au juge que "le suivi des commissions, tel qu'il avait été opéré par la DGSE, faisait ressortir de forts soupçons de rétrocommissions", selon des extraits de son audition publiés par Lemonde.fr et Médiapart.
Sur les décisions prises après la présidentielle, M. Donnedieu de Vabres a dit au juge: "on avait le sentiment, avec M. Léotard, d'une guerre politique", précisant n'avoir "aucune idée" du lien entre cette "guerre" et les commissions.