Les 13 pays abritant encore des tigres sauvages sont réunis à Saint-Petersbourg jusqu'à mercredi pour tenter de sauver l’espèce. Objectif : débloquer 350 millions de dollars. Interview d'Edina Ifticene, de WWF-France.
Il ne reste plus que 3 200 tigres sauvages dans le monde environ. "La situation est proche de la catastrophe", a estimé mardi Vladimir Poutine, le Premier ministre russe, alors que Saint-Petersbourg accueille les treize pays où le tigre vit encore.
Réunis à l’initiative de la Banque mondiale, ils doivent s’entendre sur un programme visant à doubler la population de tigres en douze ans. Parmi eux : la Russie, mais aussi la Chine, représentée par son Premier ministre Wen Jiabao, et l’Inde, qui abrite le plus grand nombre de tigres dans le monde. Même l’acteur Leonardo Di Caprio a fait le déplacement - il a d’ailleurs annoncé mardi un don de 1 million de dollars au WWF pour la conservation du plus grand des félins.
"Cette réunion est primordiale, il n’y a pas de plan B", affirme Edina Ifticene, chargée du programme "tigres" au sein de WWF-France. Interview.
FRANCE 24 : Quelles sont les principales menaces qui pèsent sur le tigre ?
Edina Ifticene : La destruction de son habitat du fait de la déforestation et du braconnage ont provoqué une perte de 97 % des tigres sauvages en 100 ans. Trois sous-espèces ont déjà disparu, et si l’on n’agit pas, il pourrait ne plus y avoir de tigres dans la nature pour la prochaine année du tigre, en 2022.
Le braconnage est surtout lié à l’utilisation des produits dérivés du tigre - os, moustaches, dents, etc. - dans la médecine traditionnelle chinoise. Le tigre étant une espèce protégée, les pays où il vit ont généralement mis en place des législations contre le braconnage prévoyant amendes ou peines de prison. Malheureusement, elles ne sont, souvent, pas appliquées faute de moyens.
Les Européens ne sont pas exempts de responsabilités non plus : en Malaisie ou en Indonésie, c’est notamment pour répondre à la demande d’huile de palme que l’on détruit les forêts. Or, en Europe, un produit alimentaire sur deux transformé empaqueté en contient.
Qu’attendez-vous de cette conférence internationale ?
E.I. : Il s’agit de valider un programme d’action que les États élaborent depuis deux ans et qui vise à doubler la population de tigres sauvages d’ici à 2022. Il faut ensuite trouver les financements nécessaires pour répondre à ces engagements, soit 350 millions de dollars.
Les États concernés, mais aussi les pays occidentaux, les organismes internationaux et les ONG devraient annoncer d’ici à mercredi leurs engagements financiers. Cet argent pourra par exemple servir à racheter des forêts, mieux gérer les conflits entre l’homme et le tigre (compenser les dégâts causés par l'animal, aider les populations à mieux se protéger), financer le suivi sur le terrain, etc.
Il faut enfin créer une plateforme de supervision qui vérifiera l’avancée des progrès.
Êtes-vous optimiste quant à la réalisation de cet objectif ?
E. I. : Oui, car c’est la première fois que des dirigeants de si haut rang se rassemblent pour sauver une espèce. Cinq Premiers ministres participent à la réunion.
L’exemple de la Russie montre qu’avec des moyens, on peut y arriver. Il y a 50 ans, le pays comptait 80 tigres de Sibérie environ, contre 450 à 500 aujourd’hui. Le gouvernement, le WWF et les provinces russes se sont mobilisés contre le braconnage et l’exploitation illégale du bois.
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