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L'Otan définit de nouvelles stratégies pour faire face aux "nouvelles menaces"

Le sommet de l'Otan qui s'est ouvert ce vendredi à Lisbonne est annoncé comme décisif. Si la mission de l'Alliance en Afghanistan doit être au cœur des discussions, les 28 pays membres vont aussi définir leur nouveau "concept stratégique".

Les sommets de l'Otan, par définition, ne sont pas des rendez-vous particulièrement excitants. Celui qui débute ce vendredi à Lisbonne est pourtant annoncé comme "l'un des plus importants de l'histoire de l'organisation", selon les mots du secrétaire général de l'Alliance, le Danois Anders Fogh Rasmussen.

Au cours des deux jours de réunion, c'est surtout et avant tout de l'Afghanistan qu'il sera question. La mission des 28 pays membres de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord dans ce pays devrait être légèrement révisée, notamment en ce qui concerne le calendrier de retrait. Alors que l'administration Obama avait annoncé l'amorce du retrait des troupes pour début 2011, c'est désormais la date de 2014 qui est avancée.

2014 plutôt que 2011, "transition" plutôt que "retrait"

Le président américain, attendu en fin de matinée au Portugal, a dû revoir en partie sa stratégie. "Barack Obama se trouve dans une situation délicate, explique Guillaume Meyer, correspondant de FRANCE 24 à Washington. D'un côté, il doit satisfaire l'opinion publique, à qui il annonce depuis des mois un retrait des forces américaines à partir de 2011, qui s'achèverait en 2014. Mais en même temps, il doit rassurer les militaires, qui n'aiment pas avoir une date de fin de mission qui plane au-dessus de leur tête. C'est pour ça que depuis quelques semaines, le Pentagone a adapté sa communication : on parle désormais de transition, et non plus d'un retrait total à l'horizon 2014."

Dans une interview à FRANCE 24 à la veille du sommet, le secrétaire général de l’Otan a jugé "réaliste" cette date de 2014 – initialement avancée par le président afghan Hamid Karzaï - pour un retrait des troupes de la coalition. Anders Fogh Rasmussen a ajouté que l’important était désormais de former la police et les forces de sécurité afghanes. L'Alliance doit d'ailleurs entériner le principe d'un transfert des responsabilités à l'armée afghane dès le premier semestre 2011.

Engagée en Afghanistan depuis 2003, l'Otan y subit des pertes de plus en plus importantes, avec déjà 650 morts en 2010. Lundi, le chef taliban Mollah Omar a appelé à "empêtrer l'ennemi dans une épuisante guerre d'usure" dans un message audio.

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L'Otan définit de nouvelles stratégies pour faire face aux "nouvelles menaces"

Un nouveau "concept stratégique" pour de "nouvelles menaces"

À l'issue du sommet de Lisbonne, samedi soir, les membres de l'Otan doivent également adopter leur nouveau "concept stratégique", qui définira leur "feuille de route" pour les dix prochaines années.

Depuis l'adoption de la dernière version de ce "concept" en 1991, et même depuis sa révision en 1999, des changements majeurs ont eu lieu. Terrorisme international, piraterie, prolifération balistique et nucléaire... L'Otan entend s'adapter pour faire face à ces "nouvelles menaces".

Signe que les temps évoluent, le président russe Dimitri Medvedev participera samedi à un sommet Otan-Russie. "Il s'agit tout simplement du sommet le plus important certainement depuis la fin de la guerre froide, et probablement même depuis la création de l'organisation après la fin de la Seconde Guerre mondiale, puisqu'il s'agit d'associer la Russie aux décisions que prennent les 28 membres de l'organisation, explique Sylvain Attal, spécialiste de politique internationale à FRANCE 24. Il ne s'agit pas de faire entrer la Russie dans l'Otan, ce dont elle n'est d'ailleurs pas demandeuse, mais de l'associer en lui donnant des informations sur les activités de l'Alliance."

Bouclier antimissile

Plus de deux ans après la guerre russo-géorgienne d'août 2008, l'heure est au rapprochement avec l'ancien ennemi de la guerre froide. Ce sommet est une occasion pour "exorciser les fantômes du passé", a estimé Anders Fogh Rasmussen. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a lui affirmé que Moscou ne considérait plus l'Otan "comme une menace".

L'un des dossiers à l'ordre du jour du sommet de Lisbonne, celui du projet de bouclier antimissile, inquiète toutefois la Russie. Les États-Unis notamment souhaitent entériner la mise en œuvre de ce bouclier, qui serait étendu à l'ensemble du territoire européen. Objectif : se prémunir de la menace iranienne, même si la déclaration finale du sommet ne devrait pas le dire explicitement... La Turquie refuse en effet que Téhéran soit désigné publiquement comme la menace principale. La Russie sera elle invitée à coopérer au projet de bouclier.

Au niveau européen aussi, les positions divergent sur le sujet. Si Berlin, comme Washington, voit dans le projet de bouclier antimissile la possibilité, à terme, d'éliminer les armes nucléaires, Paris reste attaché au principe de la dissuasion nucléaire et envisage le bouclier comme une stratégie "complémentaire".