Cinq jours après le second tour de la présidentielle, les Guinéens attendent toujours les résultats du scrutin. La tension monte dans les camps des deux candidats, Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé, qui s'accusent mutuellement de fraudes.
Chaque soir, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), Siaka Toumani Sangaré, proclame au compte-gouttes les résultats partiels du second tour de la présidentielle, la première élection libre organisée dans le pays depuis 50 ans.
Mais le décompte des voix prend du retard, notamment en raison des nombreuses plaintes formulées par les camps de l'ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo et de l'opposant historique Alpha Condé.
itAu lendemain du scrutin, les deux candidats ont salué le bon déroulement de l'élection. Pourtant, à l'approche de la proclamation des résultats, le ton change. Les accusations de fraudes et de violences se multiplient désormais de part et d'autre.
"Nous avons reçu un certain nombre de réclamations émanant des deux candidats, explique le président de la Céni au micro de FRANCE 24. L'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo a, par exemple, déposé une demande d'annulation du vote dans certains bureaux de la circonscription de Kindia. De son côté, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) d'Alpha Condé a fait une réclamation concernant le vote des Guinéens de l'étranger."
"La population a tendance à échafauder des hypothèses"
Le dépouillement de quelque 40 % des suffrages exprimés dimanche annonce un scrutin très serré. La proclamation des résultats au niveau national, initialement annoncée pour ce vendredi, n'est finalement pas attendue avant ce week-end. Bien que la loi électorale fixe à 72 heures le délai maximal pour leur publication, son interprétation fait débat. Le général malien Siaka Toumani Sangaré a affirmé qu'il n'y avait pas de retard.
"L'interprétation de la Cour suprême, c'est que le compte à rebours de ces 72 heures ne commence qu'à réception du dernier bulletin de vote par l'autorité centrale des élections. Or il nous manque encore les bulletins de quatre districts électoraux", a-t-il expliqué à la presse. Il s'agit de celui de Siguiri, en Haute-Guinée, et de ceux constitués par les ambassades guinéennes en France, aux Pays-Bas et en Belgique.
Au sein des autorités de transition cependant, certains s'impatientent. Ainsi, le Premier ministre Jean-Marie Doré déplore-t-il la lenteur du processus. "La population de Conakry a toujours tendance à épiloguer et à échafauder des hypothèses, de façon parfois fantaisiste, a-t-il expliqué à FRANCE 24. On peut craindre que les gens ne commencent à interpréter ce retard comme du temps que l'on se donne pour maquiller les résultats."
Sous la pression de plusieurs personnalités guinéennes et étrangères, qui ne souhaitaient pas le voir quitter le pays avant l'annonce des résultats officiels, le président de la transition, le général Sékouba Konaté, a, lui, renoncé jeudi à se rendre au Maroc, où il devait recevoir des soins médicaux.