
La mort du l'ex-président à un an d'une élection présidentielle à laquelle il envisageait de se présenter bouleverse la scène politique argentine. Jeudi, les Argentins et les chefs d'État d'Amérique latine lui ont rendu hommage à Buenos Aires.
AFP - Des milliers d'Argentins sont venus jeudi au palais présidentiel à Buenos Aires pour rendre hommage à Nestor Kirchner, époux de la présidente Cristina Kirchner et ancien chef de l'Etat (2003-2007), dont la mort ouvre une période d'incertitude à un an des élections.
Même s'il avait renoncé à briguer un second mandat en 2007, préférant alors soutenir sa femme, Nestor Kirchner gouvernait en tandem avec elle, selon les analystes, et envisageait de se représenter l'an prochain ou d'appuyer une nouvelle candidature de son épouse.
Une foule nombreuse, parmi lesquelles beaucoup de petites gens, s'étirant sur des
centaines de mètres, se pressait autour de la Casa Rosada (la Maison Rose) pour accéder à la chapelle ardente dressée en hommage au dirigeant de centre-gauche, décédé d'une crise cardiaque mercredi à l'âge de 60 ans.
La veillée funèbre a commencé vers 10h00 (13h00 GMT) sous un soleil printanier et 2.500 personnes accédaient à la chapelle ardente par heure, selon la police.
"Olé, Olé, Olé, Nestor..., Nestor...", chantaient des jeunes militants, dont certains étaient enroulés dans des drapeaux argentins bleu et blanc.
Mme Kirchner, 57 ans, est arrivée en fin de matinée, avec ses deux enfants, Maximo, 32 ans, et Florencia, 19 ans, dans sa première apparition publique depuis le décès de son mari.
Des ministres et des présidents sud-américains se tenaient aussi à côté du cercueil fermé et recouvert du drapeau argentin.
Une membre des Grand-mères de la place de Mai, organisation recherchant les enfants des disparus de la dictature (1976-1983), a retiré son foulard blanc emblématique et l'a posé sur le cercueil de Nestor Kirchner, qui avait contribué à rouvrir les procès des militaires.
Diego Maradona, l'ancienne vedette du football argentin, a embrassé Mme Kirchner et ses enfants, avant de toucher le cercueil. "Il m'a toujours semblé être quelqu'un qui se battait pour ses idéaux", a-t-il dit.
Dehors, le drapeau était en berne et des fleurs et des messages s'accumulaient devant les grilles.
L'ancien président doit être inhumé vendredi dans l'intimité à Rio Gallegos, sa ville natale dans le sud de l'Argentine.
"C'était un grand", a dit Raimunda, 62, un bouquet de roses rouges à la main.
Graciela Benitez a attendu 19 heures pour être parmi les premiers à entrer. "Je ressens une grande douleur mais j'ai aussi beaucoup d'espoir car je suis convaincue que la présidente Cristina Fernandez de Kirchner prendra le relais, puisque Cristina et Nestor c'est la même chose", a-t-elle estimé.
Mais la succession au sein du parti péroniste, dont Nestor Kirchner était le chef, est désormais ouverte, et Mme Kirchner devra veiller à ne pas être débordée à un an de l'élection présidentielle, alors que le mouvement est divisé.
Le vice-président du parti, le gouverneur de la province de Buenos Aires, Daniel Scioli, très populaire y compris chez les péronistes passés dans l'opposition (péronisme fédéral) et de plus en plus indépendant, pourrait tenter de réunifier le mouvement.
Pour les rivaux péronistes les plus farouches de Nestor Kirchner, sa disparition facilite la réconciliation, mais une réunification pourrait compliquer la situation des derniers alliés du kirchnérisme, tel le responsable de la Confédération générale du travail (CGT), Hugo Moyano, qui a relancé la candidature de Mme Kirchner à un nouveau mandat en 2011.
La disparition de Nestor Kirchner pourrait se traduire par une hausse de la popularité de son épouse, qui ne dépasse pas 35% d'opinions favorables.
Elle pourrait néanmoins refuser l'ouverture et persévérer dans la voie de son mari, en conflit avec les agriculteurs, les industriels, les médias, l'Eglise, la Cour Suprême et le Congrès.