Le public de Cannes a accueilli sans grand enthousiasme "Blindness". Ce film du Brésilien Fernando Mereilles est une adaptation du roman "L'Aveuglement", du Portugais José Saramago, prix Nobel de littérature en 1998.
C’est un monde anonyme, où une épidémie de cécité se répand à une vitesse foudroyante et où les personnes touchées sont confinées dans un camp de concentration. C’est un monde où les valeurs sociales dégénèrent, où le carnage, le viol et le vol sont des moyens d’existence. C’est un holocauste moderne où l’être humain montre son pire visage, où les natures humaines révèlent leur instinct sauvage.
C’est, sans nul doute, cet effet que le réalisateur brésilien Fernando Mereilles a voulu créer dans son adaptation cinématographique du roman de José Saramago.
Mais le premier film en compétition a laissé le spectateur de glace. En effet, la métaphore de l’aveuglement ainsi que le personnage du docteur, le bon Samaritain, et de sa sainte épouse ne sont pas sans rappeler le roman d’Albert Camus, "La Peste", qui évoque la décadence de l’être humain. "Blindness" repose excessivement sur la cinématographie hyper-stylisée et sur ses acteurs, Julianne Moore et Gael Garcia Bernal.
Mereilles, qui a aussi signé "City of God" et "The Constant Gardener", semble penser que la mise en scène hollywoodienne conjuguée à la photographie numérique suffisent pour faire un cinéma qui plaît. Mais heureusement, le public cannois lui a montré qu’il avait tort. La presse est restée de marbre à l’issue de la séance de projection. Et tout ce qu’on pouvait dire à la fin, c'était que "le livre doit être un chef d’oeuvre ".