L'évaluation du nombre de victimes varie considérablement selon les sources. Si les révélations de Wikileaks font état de 109 032 morts, d’autres bilans estiment que le nombre de victimes pourrait atteindre un million.
Combien de personnes ont-elles péri depuis l’invasion américaine en Irak en 2003 ? Selon les 400 000 documents secrets américains publiés vendredi par le site Internet Wikileaks, le nombre de victimes s'élèverait à 109 032. Le site spécialisé dans la publication de documents confidentiels précise que plus de 60% des décès concernent des civils, soit 66 081 personnes. Quelque 23 984 insurgés, 15 196 membres des forces gouvernementales irakiennes et 3 771 membres de la coalition complètent ce bilan.
Sur ce total, 15 000 décès de civils n'avaient pas encore été pris en compte dans les études de l’organisation indépendante Iraq Body Count (IBC) – une référence en la matière –, qui ne dénombre que les morts civils officiellement répertoriés.
Les documents de Wikileaks, auxquels l’IBC a eu accès avant leur publication, constituent “le plus important enrichissement de données depuis que nous avons commencé à compter les morts”, a souligné son co-fondateur John Sloboda dans une interview accordée à CNN. Le nouveau bilan de l’IBC s’élève désormais à 122 000 morts parmi les civils, soit un chiffre déjà deux fois plus important que celui avancé par Wikileaks.
itDe 100 000 à 1 million de morts
Il faut dire qu’en matière de bilan, les études se suivent et ne se ressemblent pas. Fin juillet, un bilan officiel américain faisait état de près de 77 000 Irakiens civils et militaires tués de 2004 à août 2008. Côté irakien, le ministère des Droits de l'homme avait avancé en octobre 2009 qu’un total de 85 694 personnes avaient trouvé la mort dans les violences.
L'organisation Iraq Family Health Survey Study Group avait elle publié une étude en 2008, fruit de la collaboration de plusieurs institutions irakiennes, qui estimait le nombre de décès aux alentours de 150 000 entre mars 2003 et juin 2006. Ce chiffre, bien que repris par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), a néanmoins suscité la controverse. En effet, le groupe a mené son enquête en interrogeant environ 10 000 foyers irakiens sur les pertes dans leurs familles respectives. Une méthodologie jugée peu fiable par ses détracteurs.
De même, en octobre 2006, la revue médicale britannique The Lancet évaluait le nombre de décès irakiens liés à la guerre à 655 000. Celle-ci avait comparé les taux de mortalité dans les foyers interrogés en 2006 à des chiffres officiels de 2003. Les critiques dénonçaient le manque de pertinence de l’échantillon retenu. La plupart des foyers se situaient en effet dans des zones proches des grands axes de circulation, cibles fréquentes des attentats.
Les chiffres les plus dramatiques ont, eux, été publiés par l’institut de sondage britannique Opinion research business. En 2007, une de ses études, conduite avec l'aide d'un institut de recherche irakienne, avait évalué le nombre de morts entre mars 2003 et août 2007…à plus d’un million ! Difficile, dans ce contexte, d’y voir clair….