
Fnacbook, Oyo, Booken : pas moins de trois offres proches du modèle économique du célèbre Kindle d’Amazon voient le jour en France. Et espèrent prochainement taquiner le leadership du géant américain du secteur.
La Fnac et son Fnacbook, France Loisir et Chapitre.com qui lancent une liseuse électronique tandis que le pionnier français des e-readers, Booken, s’associe à la librairie en ligne ePagine : en France, le terrain pour Amazon et son Kindle est dorénavant miné.
Les Français entrent en effet de plain-pied dans la danse du livre numérique. Exception culturelle oblige, le pays est le seul en Europe à développer une offre aussi étoffée 100 % "made in France". Dans l'Hexagone, le marché de l'édition est à la fois l'un des plus foisonnants d'Europe et l'un des plus fermés, grâce à une législation spécifique. Tous ces soldats de la francophonie numérique misent sur la disponibilité de livres en français. Amazon n’en dispose en effet de presque aucun.
15 000 livres
"C’est la première solution globale de lecture numérique en France", assure Christophe Cuvillier, PDG de la Fnac, à propos du Fnacbook, vendu 199 euros. Si ce n’est pas totalement exact, l’offre du magasin touche-à-tout culturel est sans conteste celle qui dispose de la plus forte force de frappe. Lors de sa présentation, jeudi, tous les éditeurs français ont assuré la Fnac de leur soutien. Le groupe annonce que lors de la commercialisation de sa liseuse, le 11 novembre, il y aura 80 000 références en français, mais seulement 15 000 livres numériques environ (le reste sera constitué de documents pdf, comme des petits essais, des fascicules et autres).
C’est justement sur ce point que son principal compétiteur sur le marché français, Booken, cherche à se distinguer. "Dans notre cas, il s’agit vraiment de livres numériques et pas d’un mélange avec des documents pdf", précise l'entreprise, qui associe sa Cybook Orizon (229 euros) à la librairie en ligne ePagine et à ses 25 000 livres. Chapitre.com et France Loisir lanceront dans la foulée leur solution, baptisée Olyo, plus compétitive au niveau du prix (149 euros) mais avec seulement 11 000 livres numériques.
Prix agressif
Malgré des différences techniques, tous ces produits "frenchies" se retrouvent sur un point : ils permettent, grâce à une connexion à Internet (Wi-Fi ou 3G), d’acheter des livres directement depuis sa liseuse électronique. Une fonction qui a grandement aidé Amazon et son Kindle dans son opération de conquête du monde numérique...
Ces gauloiseries seront-elles suffisantes pour freiner l’expansion du Kindle en France ? Amazon vient de publier des revenus en hausse de 16 % au troisième trimestre, essentiellement grâce aux livres numériques. Et le géant américain compte bien continuer à s'étendre. Dans cette perspective, le marché français des liseuses électroniques, encore embryonnaire, l'intéresse. Il se vend dans le pays environ 30 000 livres numériques par semestre alors qu’en Allemagne, par exemple, 80 000 exemplaires sont écoulés dans le même laps de temps. Tout un marché reste donc à conquérir. "Aux États-Unis, le livre numérique représente 8 % du marché de l’édition. Nous pensons que ce chiffre sera compris entre 5 % et 10 % en France en 2015", affirme Christophe Cuvillier.
Reste qu’il va falloir, pour les concurrents français d'Amazon, faire avec la politique de prix très agressive de la firme américaine. Son dernier Kindle (avec Wi-Fi) est vendu 139 dollars, soit moins de 100 euros (sans compter les taxes). La grande question est donc de savoir si le consommateur se laissera séduire par l’argument du prix ou... de la disponibilité immédiate de livres en français.