
À trois semaines des élections américaines de mi-mandat, le 2 novembre, les républicains, galvanisés par le succès des Tea Party, n'hésitent pas à s'attacher les services de la très conservatrice Sarah Palin pour mobiliser leurs troupes.
REUTERS - Les républicains devraient remporter un certain nombre de sièges au Sénat américain lors des élections de mi-mandat, le 2 novembre, mais reste à savoir s'ils réussiront à en conquérir suffisamment - à savoir dix - pour priver les démocrates de leur majorité.
Il faudrait pour cela qu'ils l'emportent dans pratiquement toutes les batailles dont l'issue est véritablement ouverte. Pour l'heure, les démocrates disposent de 57 sièges et bénéficient de l'appui de deux indépendants, Joe Lieberman et Bernard Sanders, tandis que les républicains contrôlent les 41 autres sièges.
Trente-sept des 100 sièges du Sénat sont remis en jeu le 2 novembre.
Les républicains semblent en mesure de conserver la totalité des sièges qu'ils détiennent déjà, et ils disposent d'une avance décisive dans trois Etats tenus par les démocrates, l'Arkansas, l'Indiana et le Dakota du Nord.
Pour s'assurer une majorité au Sénat, il leur faudrait l'emporter dans le Nevada, dans le Wisconsin, dans le Colorado, en Pennsylvanie, dans l'Illinois, dans l'Etat de Washington et en Virginie occidentale. Il faudrait aussi qu'ils remportent un succès dans au moins l'un de ces deux Etats qui penchent traditionnellement pour les démocrates: Californie et Connecticut.
Voici un aperçu des douze batailles qui détermineront la couleur dominante du Sénat après le 2 novembre:
NEVADA - Le chef du groupe démocrate au Sénat, Harry Reid, focalise l'attention et l'énergie des républicains, qui, symboliquement, auraient fort à gagner à ce qu'il échoue dans la course à sa réélection. Harry Reid est donné au coude à coude avec Sharron Angle, républicaine appuyée par le mouvement conservateur du "Tea party". Une majorité d'électeurs ont une opinion plutôt défavorable de Reid, mais il en va de même pour Angle.
KENTUCKY - Chouchou du Tea party, le républicain Rand Paul est le fils du représentant républicain Ron Paul, qui fut en 1988 le candidat du Parti libertarien à l'élection présidentielle. Rand Paul a pris une sérieuse avance sur son rival démocrate Jack Conway mais la course à la succession du républicain Jim Bunning, qui a choisi de ne pas se représenter, s'est resserrée depuis lors.
Rand Paul a accumulé les erreurs de stratégie ou les gaffes, remettant entre autres en question la loi de 1964 sur les libertés civiques. Sa stratégie consiste pour l'essentiel à assimiler Conway aux réformes d'Obama, dans cet Etat du Kentucky où le président est impopulaire.
CALIFORNIE - La sénatrice démocrate Barbara Boxer, qui brigue un quatrième mandat, a consolidé la petite avance dont elle dispose dans les sondages sur Carly Fiorina, ancienne patronne de Hewlett-Packard. Le marasme économique et la colère des électeurs envers l'establishment de Washington lui ont causé un certain tort dans cet Etat d'ordinaire acquis aux démocrates, mais elle est passée à l'offensive, reprochant notamment à son adversaire d'avoir délocalisé des emplois à l'étranger alors qu'elle dirigeait Hewlett-Packard.
WISCONSIN - Le républicain Ron Johnson devance dans les sondages le sénateur Russ Feingold, figure de la gauche américaine, qui brigue un quatrième mandat. Feingold, que ses adversaires dépeignent comme un libéral dépensier et un digne représentant de l'establishment washingtonien, a lancé la contre-attaque en accusant Johnson de soutenir des accords de libre échange néfastes à l'emploi et de vouloir l'abrogation de la réforme du système de santé votée par les démocrates.
ILLINOIS - L'ancien siège d'Obama au Sénat, laissé vacant par le départ de son successeur Roland Burris, est au coeur d'une bataille aussi serrée que coûteuse entre le républicain Mark Kirk et le démocrate Alexi Giannoulias, trésorier de l'Illinois, un Etat qui penche traditionnellement du côté des démocrates. Les républicains s'emploient à faire passer Giannoulias pour un politicien corrompu et les démocrates s'en sont pris aux déclarations inexactes de Kirk sur son passé militaire.
VIRGINIE OCCIDENTALE - Le gouverneur démocrate, Joe Manchin, était parti favori dans la course à la succession du défunt démocrate Robert Byrd, mais l'homme d'affaires républicain John Raese dispose d'une légère avance dans les sondages dans cet Etat où Obama n'est pas vraiment populaire. La tactique des républicains consiste à assimiler Manchin aux réformes menées par les démocrates au niveau fédéral. Dans l'un de leurs spots télévisés, ils présentent deux versions de Manchin : le Joe de Virginie occidentale, qui ne pose pas de problème, et le Joe de Washington, qu'ils considèrent comme à la botte d'Obama.
COLORADO - Le démocrate Michael Bennet faisait carrière dans le système éducatif à Denver lorsque le gouverneur du Colorado, Bill Ritter, l'a chargé en janvier 2009 d'assumer au Sénat la succession de Ken Salazar, nommé par Obama secrétaire américain à l'Intérieur. Protégé de Barack Obama, Bennet est engagé dans une course serrée avec Ken Buck, chouchou du Tea party, qui a battu le candidat de l'establishment républicain lors de la primaire.
CONNECTICUT - Succéder au démocrate sortant Chris Dodd devait être une simple promenade de santé pour Richard Blumenthal, le populaire Attorney General (secrétaire à la Justice) de l'Etat du Connecticut. Mais sa forte avance a fondu face à la femme d'affaires Linda McMahon, directrice générale de la société WWE (World Wrestling Entertainment) investie par les républicains.
MISSOURI - Les espoirs des démocrates de conquérir le siège du républicain Christopher Bond, qui ne se représente pas, s'estompent face à la bonne tenue dans les sondages de Roy Blunt, qui conserve d'une avance confortable sur le démocrate Robin Carnahan. Carnahan, dont la famille joue de longue date un rôle de premier plan dans la politique du Missouri, peine à convaincre les électeurs des campagnes et des petites villes à voter pour lui. Quant à Blunt, qui brigue un huitième mandat au Congrès, il concentre ses critiques sur le programme du président Obama, dans l'espoir de ne pas faire les frais lui-même de la vague anti-Washington.
OHIO - Le républicain Rob Portman, ancien membre du Congrès, a été représentant américain au commerce sous George W. Bush. Il réussit lui aussi à ne pas être touché par la vague anti-Washington qui déferle cette année et a pris une avance importante sur le démocrate Lee Fisher dans cet Etat où le chômage et les difficultés économiques sont les dossiers dominants. Un sondage publié fin septembre créditait Portman de 50% des suffrages contre 37% seulement pour Fisher.
PENNSYLVANIE - Le républicain Pat Toomey fait la course nettement en tête devant le démocrate Joe Sestak dans la bataille pour la succession du sortant Arlen Specter, devancé par Sestak lors de la primaire démocrate. Toomey, ancien leader d'une organisation anti-impôts, "Club for Growth" (Club pour la croissance), s'efforce d'assimiler Sestak aux réformes défendues par les démocrates au plan fédéral.
WASHINGTON - La sénatrice démocrate Patty Murray, qui brigue un quatrième mandat, a tout d'abord accru son avance dans les sondages face au républicain Dino Rossi, en recourant fortement aux publicités politiques, mais l'écart semble désormais se resserrer avec la contre-offensive télévisuelle de son rival. L'Etat de Washington penche généralement du côté démocrate, du fait de l'importance de Seattle et ses banlieues, qui votent "libéral".