Chef de cabinet du Premier ministre Vladimir Poutine, Sergueï Sobianine (à dr.) a été nommé au poste de maire de Moscou par le président russe, Dmitri Medvedev. Il remplace Iouri Loujkov qui dirigeait la capitale depuis 18 ans.
AFP - Le président russe Dmitri Medvedev a nommé vendredi au poste de maire de Moscou Sergueï Sobianine, un fidèle du Premier ministre Vladimir Poutine, concluant la reprise en mains de la capitale après le limogeage de Iouri Loujkov, un des derniers poids lourds politiques du pays.
"J'ai pris la décision de présenter votre candidature au Conseil municipal pour que vous soyez confirmé au poste de maire de Moscou", a déclaré M. Medvedev à Sergueï Sobianine, qu'il recevait dans sa résidence de Gorki, près de la capitale russe.
"Je suis certain que vous êtes à la hauteur de ce poste complexe et de grande responsabilité", a ajouté M. Medvedev, selon la retransmission de l'entretien à la télévision russe.
Le maire de Moscou, qui a statut de gouverneur, est nommé par le Kremlin depuis une réforme imposée par Vladimir Poutine, alors président, en 2004. Sa nomination doit encore, officiellement, être entérinée par l'assemblée municipale.
Le contrôle de la capitale, une ville de 10 millions d'habitants où converge l'essentiel des flux financiers de la manne pétrolière, et où se fait et se défait la politique russe, est d'une importance extrême dans ce pays très centralisé.
Iouri Loujkov, qui dirigeait la ville depuis 18 ans, et était à 74 ans l'un des derniers acteurs de la scène politique russe capables de tenir tête au Kremlin, a été limogé fin septembre par Dmitri Medvedev au terme d'un vif conflit politique.
Moscou "ne doit pas être une ville à part", a souligné M. Medvedev.
La direction de la capitale "doit être pleinement intégrée au pouvoir fédéral pour que perdure la confiance", a-t-il ajouté.
M. Loujkov, un homme politique longtemps très populaire et qui avait manifesté des ambitions politiques nationales avant l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine fin 1999, avait vivement critiqué le Kremlin ces derniers mois.
Il avait dénoncé la procédure de désignation des gouverneurs et mis en doute la capacité du président Medvedev à moderniser le pays.
Son limogeage avait conclu la reprise en main du pays, après l'éviction d'autres responsables régionaux d'importance, comme le président du Tatarstan Mintimir Chaïmiev.
Il avait été précédé de la diffusion par les chaînes nationales de plusieurs émissions accusant notamment M. Loujkov d'avoir mis la capitale russe en coupe réglée avec sa femme, la milliardaire Elena Batourina.
Celle-ci a bâti en quelques années un empire immobilier et dans le BTP à Moscou, amassant une fortune évaluée par le magazine spécialisé américain Forbes à 2,9 milliards de dollars (2,3 milliards d'euros).
Plusieurs enquêtes judiciaires ont depuis été ouvertes contre des responsables de la ville, et un ancien adjoint de M. Loujkov a été inculpé de corruption.
Selon la procédure, le parti ultra-majoritaire au pouvoir, Russie unie, avait proposé le 9 octobre à Dmitri Medvedev quatre candidatures, dont celles du ministre des Transports Igor Lévitine, de la maire adjointe de Moscou Lioudmila Chevtsova, et d'un gouverneur de région russe, Valeri Chantsev.
M. Sobianine était cependant considéré comme le grand favori pour cette désignation.
Cet apparatchik de 52 ans doit son ascension politique à M. Poutine. Celui-ci, alors président russe, avait fait de lui en 2000 son représentant-adjoint dans l'Oural.
En 2005, il est appelé à la capitale russe pour prendre le poste stratégique de chef de l'administration du Kremlin.
Lorsqu'en 2008 Vladimir Poutine, qui ne peut rester à la tête de l'Etat après deux mandats consécutifs, désigne M. Medvedev pour lui succéder, c'est Sergueï Sobianine qui est chargé de le faire élire en organisant la campagne électorale.
Après cette mission, il rejoint Vladimir Poutine au gouvernement, devenant son chef de cabinet.