logo

Kinshasa dénonce les "fausses accusations" de l'ONU

A la suite des déclarations de Margot Wallström, envoyée spéciale de l'ONU qui a accusé l'armée congolaise d'être impliquée dans des viols à l'est du pays, Kinshasa dénonce la finalité "politique" de l'ONU qui souhaiterait "rester" au Congo.

On savait que les populations civiles étaient déjà à la merci des miliciens, des combattant Maï-Maï Cheka ou des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Mais elles doivent également se méfier des soldats de l’armée régulière de la République démocratique du Congo (RDC), auteurs des mêmes exactions. 

Dans ses dernières déclarations,  Margot Wallström, envoyée spéciale de l’ONU pour les violences sexuelles dans les conflits, accuse des soldats des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) de commettre des viols, des pillages et des tueries dans l’est du pays. 

"La possibilité que les mêmes communautés qui ont été brutalisées en juillet et en août par les Forces démocratiques de libération du Rwanda et des éléments Maï Maï souffrent maintenant d’exactions aux mains des troupes des FARDC est inimaginable et inacceptable", a-t-elle déclaré, jeudi soir, devant le Conseil de sécurité de l’ONU à New York.

Le gouvernement congolais s'insurge

Le gouvernement congolais, qui se dit "estomaqué", dément ces accusations qu’il juge

non fondées et non vérifiées. "Nous avons dépêché une équipe de notre État major qui est basé au Kivu et rien n’a permis de recouper ces informations. Ces accusations salissent la réputation des jeunes soldats qui meurent au front pour arrêter les violeurs de leurs familles et de leurs amis", a déclaré, à FRANCE 24,  le Ministre de la communication, Lambert Mende, qui accuse l'ONU de vouloir rester en RD Congo à tout prix.

"Ce sont de fausses accusations de la MONUSCO [la force de maintien de la paix des Nations unies en RDC, ndlr] qui veut rester au Congo.  C’est très grave et nous pouvons reconsidérer nos relations avec nos partenaires", poursuit le ministre qui souhaite que les opérations de retrait des troupes de l’ONU soit achevées d’ici à la fin 2011.

Une instabilité qui menace les civils

Dans un tel contexte, le retrait des hommes de l’ONU – actuellement plus de 20 000 dans le pays - laisse sceptique. Plus de 500 viols ont été commis, entre le 30 juillet et le 2 août, dans 13 villages du Nord-Kivu, province de l'est de la RDC. Pour faire face à la situation et surtout réaffirmer le pouvoir du gouvernement, le président congolais, Joseph Kabila, a réitéré le moratoire sur l'explotation minière de la zone au sous-sol riche, contrôlée par des groupes armés et a dépêché des milliers de soldats dans la région de Walikale.

"Je suis très inquiète à propos des opérations militaires en cours par les FARDC dans le territoire de Walikale et ses implications pour la protection des civils", a ajouté Margot Wallström.

Dans un précédent rapport, publié en septembre par le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’Homme (BCNUDH), l’ONU notait les graves manquements de l’armée et de la police congolaise qui n’ont pas pu - ou pas su - éviter ces exactions. Le rapport évoquait également les défaillances des casques bleus cantonnés non loin des zones de viols.

Dans un tel contexte d’instabilité, des ONG appellent le Conseil de sécurité à continuer de veiller sur la situation sécuritaire des populations civiles. Dans une étude publiée en juillet 2010, Oxfam identifiait l’armée congolaise comme l’un des principaux responsables de la violence auprès des civils. "Dans certaines zones, les crimes commis par l’armée étaient si graves – assassinats, torture, incendies de maisons et viols collectifs – qu’ils ne peuvent être différenciés des pires exactions des FDLR", pouvait-on lire dans le rapport, qui plaidait pour une réforme en profondeur de l’armée.