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Le géant de l’Internet a dévoilé son projet de voitures autonomes qui ont déjà roulé près de 225 000 kilomètres. Un programme qualifié par Google de révolutionnaire mais qui laisse les observateurs sceptiques quant au sens des priorités du groupe.
Google réinvente la voiture de la série américaine des années 80, "K-2000". Le géant de l’Internet a, en effet, dévoilé dimanche son projet de voiture sans conducteur. Un nouveau chantier, très éloigné du cœur de métier du moteur de recherche sur le Net, qui fascine et déroute à la fois.
"Larry Page et Sergei Brin ont fondé Google pour résoudre des problèmes liés à l’utilisation des technologies. Aujourd’hui, l’un des défis majeurs sur lequel nous travaillons est la sécurité routière", écrit sur le blog officiel de Google Sebastian Thrun, le Mr "voiture intelligente". Et le programme a déjà quelques kilomètres au compteur.
Engins du futur
Des Toyota Prius et Audi TT équipées du matériel nécessaire pour se passer de conducteurs ont d’ores et déjà parcouru près de 225 000 kilomètres autour de San Francisco. Ces voitures ont même descendu Lombard Street, l’une des plus serpentées de la ville. Et tout ça sans accrocs, assure Google.
Ces engins du futur qui sillonnent depuis plusieurs semaines San Francisco ressemblent à s’y méprendre aux fameuses voitures utilisées pour le programme Google Street View. De banales autos avec un radar sur le toit. Mais l’intérieur recèle de trésors de technologies dignes des chevauchées de Michael Knight (le héros de "K2000").
Elles embarquent un véritable ordinateur de bord relié aux serveurs de Google, leur GPS est dopé avec de multiples capteurs qui doivent leur permettre de réagir bien plus vite qu’un conducteur humain. Il est même possible de programmer chacune de ces voitures en fonction de son style de conduite, de prudent à "agressif".
Avec tout cet arsenal technologique, ces voitures intelligentes s’arrêtent au feu rouge, au stop et réagissent en fonction de la distance qui les sépare des autres véhicules. Pour autant, il y a toujours un pilote dans le "cockpit". Le conducteur humain peut à tout moment reprendre le contrôle de son véhicule en cas de situation imprévues… ou de défaillance du système.
Pas prêt d’aboutir
Le but affiché de Google serait de construire un monde plus "vert" et plus sûr. La machine est censée être plus réactive que l’homme et de ce fait, les constructeurs n’auraient plus besoin de fabriquer des carrosseries aussi imposantes pour protéger les passagers. Des voitures plus fines signifieraient alors des économies d’énergie. Google estime également que de telles automobiles pourraient, en outre, réduire de 50% les accidents mortels de la route.
Un projet qui, s’il a l’air séduisant, n’est pas prêt d’aboutir. Les spécialistes, comme le rappelle le New York Times, estiment que la construction en série de ce genre de véhicules ne pourra pas se faire avant au minimum 8 ans. Il faudra ensuite attendre que le législateur se mette à la page. Pour l’instant, en effet, le code de la route ne prévoit pas le cas de voitures roulant toutes seules.
Un projet à moyen-long terme qui déroute les spécialistes du secteur à l’heure où Google doit faire face à une concurrence de plus en plus accrue. "Tout ça est sûrement très cool, mais les 15 millions de dollars investis auraient probablement pu être mieux dépensés dans l’amélioration des produits qui rapportent vraiment de l’argent à Google", résume Silicon Insider, le site spécialisé dans l’économie de la Silicon Valley. En somme, ces observateurs craignent que le "hobby du co-fondateur [de Google] Larry Page" ne fasse perdre au groupe son sens des priorités.