Avec près de 20% des voix, la candidate écologiste Marina Silva a créé la surprise du premier tour de la présidentielle brésilienne. Elle est désormais en position de force pour négocier avec les deux candidats encore en lice.
On la croyait jouée d’avance, mais la présidentielle brésilienne réservera finalement quelques surprises. Largement sous-estimée par les sondages, la candidate écologiste Marina Silva a recueilli 19,3 % des voix, dimanche à l'occasion du premier tour. Selon les analystes, c'est ce score inespéré qui aurait empêché la grande favorite, Dilma Rousseff (Parti des travailleurs), de recueillir 50 % des suffrages et de l’emporter ainsi dès le premier tour.
Crédité pour sa part de 32,6 % des voix, Jose Serra, candidat du Parti social démocrate brésilien (PSDB), a aussitôt tenu à la féliciter lors de son premier discours. "Je veux dire bravo à Marina Silva pour son score, elle a contribué au processus démocratique brésilien", a-t-il lancé dans un appel d’ouverture à destination de la candidate écologiste et de ses électeurs.
Jose Serra sait qu’il a tout intérêt à se rapprocher du parti Vert. En effet, forte de 46,9 % des voix dimanche, Dilma Roussef fait toujours figure de grande favorite.
De son côté, Marina Silva compte bien profiter de sa position pour faire avancer la cause écologiste. Lors d'un discours prononcé après l'annonce des résultats, elle a affirmé attendre une réunion de son parti pour dévoiler le nom du candidat qu'elle soutiendra : une annonce cruciale à laquelle sont désormais suspendus Dilma Rousseff et Jose Serra.
Une fille d’ouvriers agricoles
Âgée de 52 ans, Marina Silva fut sénatrice de l'Acre, un État amazonien du nord du pays. De manière globale, son parcours personnel n’est d'ailleurs pas sans rappeler celui du président Lula, étant elle aussi passée de la misère à la gloire politique. Elle a grandi en Amazonie dans une famille d’ouvriers agricoles travaillant dans les plantations d’hévéa (caoutchouc). Illettrée jusqu’à 16 ans, elle a ensuite travaillé comme femme de ménage pour financer ses études. Elle s'est ensuite fait connaître aux côtés du militant syndicaliste Chico Mendes avant de devenir la plus jeune sénatrice fédérale du Brésil, en 1994.
En tant que ministre de l’Environnement de Lula, elle a pesé de tout son poids pour ralentir la déforestation de la forêt amazonienne. Mais la bonne entente avec le président n'a pas duré. Elle a fini par démissionner de son poste de ministre en 2008, puis quitté le Parti des travailleurs en août 2009.
Lors de sa campagne présidentielle, Marina Silva a reçu le soutien de plusieurs personnalités influentes au Brésil : le sénateur Pedro Simon, le chanteur Caetano Veloso ou encore le mannequin star Gisèle Bündchen. Membre de l’Église pentecôtiste, l’Assemblée de Dieu, elle aurait aussi bénéficié du soutien des fidèles de ce courant religieux qui n'a de cesse de prendre de l’ampleur dans le pays. Depuis dimanche, elle est en tout cas devenue la femme la plus courtisée du Brésil.
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