Dilma Rousseff, candidate du Parti des Travailleurs et dauphine du président Lula, arrive en tête du scrutin, après dépouillement de 80% des suffrages. Elle devrait affronter le candidat de droite José Serra lors d'un second tour le 31 octobre.
Dilma Rousseff (Parti des Travailleurs), dauphine du président sortant Lula, arrive en tête du premier tour de la présidentielle brésilienne avec 45,4% des voix, après le dépouillement de 80% des bulletins de vote.
Selon ces mêmes résultats partiels, dévoilés par la commission électorale, son principal adversaire José Serra (Parti de la social-démocratie brésilienne) obtient 33,9%.
Dilma Roussef devrait affronter le candidat de droite José lors d’un second tour le 31 octobre.
"Les sondages donnaient [Dilma Rousseff] gagnante dès le premier tour depuis plus d'un mois", rappelle Pierre-Ludovic Viollat, correspondant de France 24 à Sao Paulo. "Mais elle a perdu quelques points cette semaine à cause notamment d'affaires de corruption qui ont touché le gouvernement fédéral, dont elle était la numéro deux il y a encore quelques mois". Dès samedi soir, deux sondages laissaient présager la tenue d’un second tour.
Marina da Silva (Parti Vert), ancienne ministre de l'Environnement de Lula, a créé la surprise en obtenant environ 20% des voix selon les mêmes résultats partiels. "Marina da Silva, très populaire à Rio, a beaucoup critiqué les dégâts de la politique de Lula sur l’environnement", rapporte Lucas Menget, envoyé spécial de France 24 à Rio de Janeiro. "Elle espérait faire un bon score dans les grandes villes".
Le soutien essentiel de Lula
Dimanche, près de 136 millions de Brésiliens se sont rendus aux urnes pour désigner le (ou la) successeur de Luiz Iniacio Lula da Silva, emblématique président du Brésil depuis huit ans. Les derniers bureaux ont fermé à 21 heures GMT (23 heures à Paris).
Aucun incident majeur n’a entaché le scrutin. Cependant, près de 650 personnes ont été arrêtées, dont 43 candidats, pour avoir fait campagne ou avoir tenté d'acheter des votes, selon le président du Tribunal supérieur électoral, Ricardo Lewandowski.
Le président Lula a voté dans la matinée dans son fief de San Bernardo do Campo (État de Sao Paulo). Tout sourire, il a "déploré" ne pas faire partie de la course à la présidentielle. La Constitution brésilienne lui interdit en effet de briguer plus de deux mandats consécutifs. C’est la première fois depuis les premières élections libres de 1989, date de la chute de la dictature militaire, qu’il n’est pas candidat à une élection présidentielle.
Lula jouit d’une cote de popularité hors norme qui, selon de récents sondages, dépasse 80 %. Dilma Rousseff a ainsi tiré ainsi un immense bénéfice de son soutien. Celle que les Brésiliens appellent tout simplement "Dilma" était quasiment inconnue du grand public il y a encore quelques mois, avant que le président sortant ne l’adoube, à la surprise générale.
Dilma a d’ailleurs fait campagne sur le thème de la "continuité" avec les travaux de Lula, dont la politique a permis à des millions de Brésiliens de sortir de la pauvreté et au pays de connaître un véritable boom économique.
La "Dame de fer" à l’assaut du Planalto
Également surnommée la "Dame de fer" pour son caractère autoritaire, Dilma Roussef sera - si elle est élue - la première femme à diriger le Brésil, qui est la huitième économie au monde. Fille d’un avocat d’origine bulgare et d’une enseignante brésilienne, elle combattu la dictature au sein de la guérilla et a passé trois ans dans les geôles du régime, où elle fut torturée.
À 62 ans, Dilma Rousseff n’a jamais occupé de mandat électif. Elle fut tour à tour nommée secrétaire d’État à l’Énergie, puis ministre des Mines et de l’Énergie avant d’être désignée par Lula pour diriger le cabinet présidentiel, succédant ainsi à José Dirceu, poussé à la démission après un scandale de corruption.
Dimanche, les Brésiliens ont également élu les 531 députés de l’Assemblée nationale et renouvellent une partie du Sénat. Ils ont également désigné les gouverneurs et les députés des 27 États que compte le pays. Dimanche soir, les résultats de ces scrutins n’étaient pas encore connus. Selon les analystes, le Parti des Travailleurs devrait conserver sa majorité au Congrès.