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L'agence de notation Standard and Poor's a abaissé sa note souveraine pour l'Espagne, estimant que la crise actuelle a mis en lumière les faiblesses structurelles du pays, deuxième de la zone euro à subir ce sort après la Grèce.

REUTERS - L'Espagne est devenue lundi le deuxième pays de la zone euro à voir sa note souveraine abaissée par Standard & Poor's, qui a infligé le même traitement à la Grèce la semaine dernière.

L'agence de notation a baissé sa note sur la dette à long terme de l'Espagne de "AAA" à "AA+", estimant que l'actuelle crise économique et financière avait mis en lumière ses faiblesses structurelles.

Selon S&P, ces faiblesses sont incompatibles avec une note "AAA", la plus élevée dans l'échelle de l'agence, dont l'Espagne bénéficiait depuis la fin de 2004.

Des analystes de S&P ont par ailleurs jugé que la dette publique de l'Espagne devrait augmenter pour atteindre 60% environ du PIB d'ici à 2011, alors que Madrid vise 54% contre 40% à peu près actuellement.

Dans la foulée de cette annonce, l'euro est tombé à un plus bas de jour de 1,3217 dollar pour un euro, les intervenants craignant que l'Irlande et le Portugal subissent le même sort.

"Ceci n'est guère une surprise. Cela paraissait même comme évident après le cas grec. A mon avis, cela va alimenter l'hypothèse d'un éclatement de la zone euro", a estimé Garcia Zarate chez 4Cast Consultancy.

Une source gouvernementale a jugé que la décision de S&P était "injuste", estimant que l'équilibre budgétaire avait toujours la priorité de Madrid ces dernières années.

"L'abaissement de notre note reflète notre anticipation d'une dégradation
des comptes publics qui ira de pair avec une détérioration des perspectives de croissance de l'Espagne", a déclaré Trevor Cullinan, analyste chez S&P.

"Elle tient également compte du fait que la réponse politique apportée aux défis économiques et fiscaux n'est peut-être pas suffisante", a-t-il poursuivi.

L'agence de notation Fitch a de son côté maintenu sa note "AAA" sur la dette souveraine de l'Espagne, avec une perspective stable.

Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Joaquin Almunia a minimisé le risque de défaut. "Je ne crois pas du tout que le risque de défaut soit important. Le risque de défaut (...) existe toujours dans les secteurs public et privé mais dans le cas des membres de la zone euro je ne pense pas que les risques soient élevés ou significatifs", a-t-il déclaré lundi à l'occasion d'une conférence de presse.

Selon les données fournies par CMA Datavision, sur le marché des CDS (Credit Default Swaps), la prime de risque sur les obligations espagnoles, mesurée par les CDS à cinq ans, atteignait 137,3 points contre 131,9 vendredi.

"C'est un élément de la discipline du marché qui doit être incorporé dans les stratégies de consolidation des finances publiques et les politiques budgétaires de tous les Etats membres", a dit Almunia.

"Ceux qui n'ont pas consolidé les finances publiques au bon moment (...) doivent payer des spreads plus élevés à présent que les marchés accordent plus d'attention au risque crédit".

"En tant que telle, la zone euro est en très bonne santé", a encore déclaré Almunia. "Je ne suis pas du tout impressionné par ceux qui annoncent un éclatement de la zone euro. En toute honnêteté, je ne crois pas que ce soit une hypothèse réelle. Si on pense aux conséquences qu'il y aurait pour un membre de la zone euro de la quitter, c'est un hypothèse que l'on rejette toute de suite".