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Étudiants au Havre, ils vont habiter dans des conteneurs

La ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a inauguré ce lundi un nouveau type de logement étudiant au Havre : des conteneurs. Une formule importée des Pays-Bas, où elle a rencontré un franc succès.

Au Havre, 99 étudiants ont reçu aujourd’hui les clefs de leur… conteneurs, en présence de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse. Des boîtes en tôle de 25 m², qui se veulent une réponse à la crise chronique du logement étudiant en France. Une innovation ? Il n'en est rien. Le concept a été directement importé des Pays-Bas, où ces studios d'un nouveau genre font un tabac depuis plusieurs années.

Les premiers ont été aménagés dans le quartier de Ketwoonen, à la lisière d’Amsterdam, jusqu'alors surtout réputé pour sa prison. Mais en 2005, la municipalité charge l’entreprise Tempohousing d’y construire des logements étudiants inédits. Dès l'année suivante, Ketwoonen devient célèbre pour ses étranges empilements de studios de 27 m² aménagés dans des conteneurs de cargo. Aujourd'hui, ils sont au nombre de 1000. "Ils sont devenus très populaires auprès des étudiants car, même s’il faut s’habituer à vivre dans des espaces de 2,5 mètres de largeur, leur longueur permet d’y installer trois pièces en enfilade", raconte Quinten de Gooijer, patron de Tempohousing.

Ambiance de campus

À l’heure actuelle, les étudiants souhaitant loger à Ketwoonen doivent s’armer de patience. Plus de deux années d'attente sont nécessaires pour en décrocher un, selon DeKey, le principal service de location aux étudiants d’Amsterdam. Dave Van Der Pol est l’un des pionniers de cette aventure. Président d’une association pour étudiants, il a vécu quatre ans dans un conteneur : "C’est parfait pour un jeune étudiant qui vient de quitter le giron familial". D’autant plus que le quartier a été aménagé en conséquence. On y trouve des cafés, un supermarché et un terrain de sport. "Il y règne une vraie ambiance de campus", raconte-t-il.

Sans compter que les conditions financières qu'il propose sont plutôt avantageuses. "Le loyer mensuel d'un conteneur est de 430 euros et la ville verse une subvention de 130 euros", se souvient Dave Van Der Pol. Deux cents euros pour 27 m² avec balcon et connexion à Internet inclus ? Pour Amsterdam, où le loyer moyen pour un studio de 20 m² est de 350 euros, il s'agit d'une affaire en or.

Pas rentable

Pendant un temps, la ville a d’ailleurs connu une sorte de ruée vers les conteneurs. Aujourd’hui, il y en a, en tout, 2 800 autour d’Amsterdam. "Environ 15 % des étudiants de la capitale vivent dedans", souligne Wim De Waard, responsable des logements étudiants à DeKey. Des projets similaires ont vu le jour en Allemagne et en Australie.

Reste que, depuis deux ans, aucun nouveau projet de ce type n'a été mis en chantier. Les conteneurs ne seraient pas un business rentable. Les propriétaires n’ont, normalement, le droit de les exploiter que pendant 5 ans. Au-delà, les autorités estiment que ces boîtes en tôle ne sont pas suffisamment fiables. Or, "la construction d'un appartement dans un conteneur coûte 30 000 euros environ. Avec un loyer mensuel de 430 euros, il faudrait plus de 10 ans pour le rentabiliser", explique Wim De Waard. Tempohousing, qui a reçu une dérogation exceptionnelle jusqu’en 2015 pour son complexe de Ketwoonen, a dû entreprendre des travaux pour mettre aux normes ses studios. Pour le reste, Amsterdam s’est mis aux préfabriqués... Il y en a 1 800 en construction actuellement, qui pourront être exploités au moins 15 ans et donc permettre à leurs propriétaires de les rentabiliser.

Le Havre, et l’État qui lui a versé une subvention d'un million d’euros, se sont-ils donc lancés dans un projet qui a déjà un cargo de retard ?

Tags: Pays-Bas, Logement,