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Comment juger l’infanticide ?

La législation française ne reconnaît pas l’infanticide, contrairement à d’autres pays, plus cléments envers les mères qui tuent leurs bébés.

La mère soupçonnée d'avoir tué huit de ses nouveau-nés dans le nord de la France fait la une de la presse internationale. Le nom de Dominique Cottrez, dont son avocat assure qu’elle ressent "une sorte de soulagement" après la révélation des faits, vient s’ajouter à la liste des mères accusées de "neonaticide".

Avant elle, deux autres Françaises ont été condamnées il y a peu pour des faits similaires : Céline Lesage, reconnue coupable du meurtre de ses six bébés entre 1999 et 2007, et Véronique Courjault, qui a tué ses trois bébés avant de les congeler. Une série morbide qui fait se demander à un journaliste du "Time" : " Pourquoi les mères françaises tuent leurs bébés ?" .

Les récents cas d’infanticides n’ont pourtant pas tous eu lieu en France. Ces huit dernières années, des affaires de "neonaticides" ont été révélées en Pologne, aux Etats-Unis, aux Pays-Bas ainsi qu’en Allemagne, où une mère a elle aussi reconnu avoir tué huit de ses nouveau-nés.

Meurtre au premier degré

Le meurtre d’un nouveau-né n’est pas jugé de la même manière à travers le monde. Une trentaine de pays ont des lois spécifiques qui rendent l’infanticide moins grave juridiquement qu’un meurtre classique. "C’est une reconnaissance du bouleversement émotionnel et hormonal qu’endurent ces femmes", explique Geoffrey McKee, un professeur de l’école médicale de l’université de Caroline du Sud, aux Etats-Unis, et auteur du livre "Pourquoi les mères tuent".

Parmi ces pays, on retrouve notamment le Royaume-Uni, le Canada, la Suède, le Brésil, l’Inde et la Turquie. En France, le terme "infanticide" a été supprimé du code pénal en 1994, c’est pourquoi Dominique Cottrez est poursuivie pour "homicides volontaires sur mineurs de moins de 15 ans". L’équivalent d’un meurtre au premier degré, qui peut entraîner une condamnation à la réclusion à perpétuité.

Après avoir interrogé 33 mères accusées d’avoir tué leur nouveau-né, Geoffrey McKee assure que c’est finalement un crime assez répandu, mais qui reste souvent impuni parce qu’on ne retrouve pas les corps. Les cas d’infanticides à répétition comme celui de Dominique Cottrez sont par contre assez rares, selon lui.

À la différence des affaires Lesage et Courjault, qui résultent d’un déni de grossesse, les premiers éléments de l’enquête Cottrez semblent montrer qu’elle était consciente de ce qu’elle faisait. C’est désormais aux juges de déterminer si elle était responsable de ses actes. Céline Lesage et Véronique Courjault avaient, elles, été condamnées respectivement à quinze et huit ans de prison, évitant la peine maximale.