Le taux de chômage continue de grimper de façon inquiétante en Espagne. Après avoir franchi la barre des 20 % au premier trimestre, il vient de s'établir à 20,09 % au deuxième. Avec la Lettonie, l'Espagne affiche le taux le plus élevé d'Europe.
AFP - Le chômage a continué de monter en Espagne au deuxième trimestre, avec toujours un actif sur cinq sans emploi selon les chiffres publiés vendredi, au lendemain de l'approbation d'une réforme contestée du droit du travail qui vise justement à réduire ce taux inquiétant.
Celui-ci s'établit désormais à 20,09% de la population active contre 20,05% trois mois plus tôt, a annoncé l'Institut national de la statistique (Ine).
Avec la Lettonie (taux de 20% en mars selon Eurostat), l'Espagne est le pays affichant le taux de chômage le plus élevé au sein de l'Union européenne, où la moyenne en juin était de 9,6%.
Cette irrésistible ascension du chômage n'a pas cessé depuis le troisième trimestre 2007, quand il avait atteint un plancher historique à 7,95%. Frappée par la crise et l'éclatement de sa bulle immobilière, l'Espagne est entrée en récession fin 2008 et n'en sort aujourd'hui que timidement.
Le chef du gouvernement socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, qui assurait en mars que le chômage avait atteint un pic, devrait réagir à ces chiffres lors d'une intervention en début d'après-midi sur le bilan de son action au premier semestre.
Le nombre de personnes sans emploi était à la fin juin de 4,645 millions, soit 32.800 personnes de plus qu'en mars, et 508.000 de plus qu'un an plus tôt. On dénombre 1,3 million de foyers espagnols dont tous les membres sont au chômage, tandis que plus d'un jeune actif (20-24 ans) sur trois, 37,1%, n'a pas d'emploi.
Ces chiffres ont été publiés alors que la réforme du marché du travail a été approuvée jeudi soir par les députés espagnols, mais uniquement grâce aux voix des socialistes.
La réforme, qui doit encore être validée par le Sénat, est contestée par les syndicats et l'opposition mais qualifiée "d'urgente" par le Fonds monétaire international (FMI).
Le texte vise à réduire la dualité du marché du travail, entre des contrats à durée indéterminée (CDI) relativement bien protégés et des contrats précaires en nombre croissant.
L'usage des contrats temporaires est donc restreint, tandis qu'un nouveau type de CDI avec des indemnités de licenciement moindres (l'équivalent de 33 jours de travail par an, voire 20 pour licenciement économique, contre 45 actuellement dans la majorité des contrats) sera généralisé.
Le licenciement sera facilité pour les entreprises enregistrant ou prévoyant des pertes ou dont les revenus sont en diminution constante.
Les deux principaux syndicats espagnols, CCOO et UGT, ont annoncé une grève générale pour le 29 septembre --la première en Espagne depuis 2002-- afin de protester contre cette réforme.
Dans un communiqué commun, ils ont réitéré jeudi soir leur opposition au texte, qui "va dans le sens d'une dérégulation des droits du travail, qui rend plus facile et moins cher le licenciement et qui augmente la marge de manoeuvre des entreprises".
Cette loi "constitue la plus grande atteinte aux droits du travail de ces trente dernières années", ont-ils estimé.
"S'il y a des Espagnols qui ne trouvaient pas de raison pour (participer à) la grève générale de septembre, je pense qu'après cette réforme du droit du travail, certains vont changer d'avis", a déclaré Candido Mendez, secrétaire général d'UGT, à la radio Cadena Ser.
La barre symbolique des 20% de chômage avait été dépassée au premier trimestre 2010, un taux jamais atteint depuis le quatrième trimestre 1997 (20,11%).
José Luis Rodriguez Zapatero avait alors assuré que "le taux de chômage (était) arrivé à son niveau le plus élevé au premier trimestre et que nous (allions) avoir une réduction du taux" à partir de là. Pour 2010, le gouvernement table sur un taux de 19,4%.