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Le directeur général de BP semble condamné. Ses gaffes de communication à répétition et sa gestion désastreuse de la marée noire auraient convaincu le conseil d’administration de lui trouver un successeur.

Il avait déclaré au début de la marée noire dans le golfe du Mexique vouloir "retrouver sa vie d’avant". Tony Hayward va devoir en inventer une autre… sans BP. Pour le directeur général du géant pétrolier britannique, l’affaire semble entendue. La pire catastrophe écologique aux États-Unis devrait mettre un terme à ses 28 ans de maison. Le conseil d’administration de BP doit encore entériner cette décision lundi. Néanmoins, le principe semble acquis d’après les dernières rumeurs de ce week-end.

Une fin de carrière marquée par une tragique ironie. Lors de son accession à la tête de BP en 2007, Tony Hayward avait indiqué que sa priorité absolue serait d’améliorer "la sécurité des opérations" menées par le groupe. "Je compte établir des nouveaux standards pour toute l’industrie", avait-il même affirmé.

Ce message répond aux attentes de l’époque. BP sort alors de deux gros scandales. En 2005, 15 personnes sont mortes lors de l’explosion dans une raffinerie au Texas et en 2006 une fuite provoque une marée noire au large de l’Alaska.

Homme de terrain

Par la suite, Tony Hayward est choisi par le conseil d’administration qui le voit comme l’antithèse du patron sortant, Lord John Browne of Madingley. Connu comme un amateur de vins fins, et proche des ministres et autres personnalités de premier plan, il est peu en phase avec l’image modeste que BP souhaite se donner.

Rien à voir avec le petit géologue de formation qui a gravi petit à petit les échelons de l’une des plus importantes entreprises au monde. Tony Hayward est présenté comme un homme de terrain et sûrement pas comme un aficionado des salons cossus et de la jet set.

Agé de 53 ans aujourd’hui, il a, en effet, travaillé sur des plateformes pétrolières un peu partout dans le monde du Venezuela à la Russie en passant par l’Écosse. Cet aîné d’une famille de sept enfants, de Reading au sud de l’Angleterre, a en outre un solide bagage scientifique ainsi qu'un doctorat en géologie. Il est également sorti majeur de sa promotion.

Il a donc tout pour réussir. BP publie d’ailleurs un résultat trimestriel record de 3,2 milliards de dollars juste avant l’explosion de la plateforme pétrolière dans le golfe du Mexique. La marée noire aura non seulement mis à mal le crédo "sécuritaire" de Tony Hayward, mais également montré un homme incapable de communiquer correctement en période de crise. Ses sorties sur sa volonté de retrouver "sa vie d’avant", sa tentative de minimiser la catastrophe l’ont propulsé au rang d’ennemi public numéro 1 aux États-Unis.

Ce n’est pas un hasard si Bob Dudley, qui supervise actuellement les opérations aux États-Unis, est pressenti pour le remplacer. Ce serait le premier Américain à devenir patron de BP. Un geste clairement destiné à calmer l’opinion publique américaine.