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Bogota accuse Caracas d'abriter des dirigeants des Farc

La Colombie dit détenir des preuves de la présence au Venezuela de cinq dirigeants des Farc et du mouvement de guérilla ELN . Parmi ces dirigeants se trouve Rodrigo Granda, considéré comme le "ministre des Affaires étrangères" des Farc.

AFP - La présidence colombienne a affirmé jeudi qu'elle disposait de "preuves" faisant état de la présence au Venezuela d'au moins cinq dirigeants des guérillas colombiennes des Farc et de l'ELN.

"Le gouvernement national a des preuves qui confirment la présence sur le territoire de la République bolivarienne du Venezuela de certains dirigeants du groupe terroriste des Farc", indique la présidence dans un communiqué.

La présidence ajoute que parmi ces dirigeants se trouvent Ivan Marquez, membre du bureau politique de la guérilla des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie, marxistes), mais aussi Rodrigo Granda, un temps considéré comme son "ministre des Affaires étrangères", mis en liberté en 2007 par le gouvernement colombien à la demande de Paris, dans l'espoir de faciliter la libération de l'ex-otage des Farc Ingrid Betancourt.

Un autre membre du bureau politique, Timoleon Jimenez, alias Timochenko, qui annonça la mort du fondateur de la guérilla Manuel Marulanda, se trouverait également dans ce pays de même que German Briceno, alias "Grannobles", le frère du chef militaire de la guérilla.

La présidence évoque enfin la présence de Carlos Marin Guarin, alias Pablito, qui serait l'un des dirigeants de l'Armée de libération nationale (ELN, guévariste).

Dans ce communiqué diffusé en début de matinée, la présidence précise que le ministère de la Défense colombien présentera les preuves à l'appui de ses affirmations dans "les prochaines heures".

Toutefois un responsable de ce ministère parlant sous couvert de l'anonymat a précisé un peu plus tard à l'AFP qu'aucune présentation publique de preuves ne serait organisée.

La Colombie avait déjà par le passé fait état de la présence à l'étranger de chefs de la guérilla. Le communiqué s'abstient toutefois d'accuser ouvertement le gouvernement d'Hugo Chavez d'être responsable de cette situation.

Les déclarations de la présidence colombienne interviennent un peu moins d'un mois avant la prise de fonctions, le 7 août, du président élu Juan-Manuel Santos, qui a tenté récemment d'apaiser les relations avec son futur homologue.

Selon sa future ministre des Affaires étrangères Maria Angela Holguin ce dernier a notamment invité Hugo Chavez à assister à sa prise de fonctions, une invitation qui n'a pas semblé du goût du président Alvaro Uribe, qui s'est déclaré "préoccupé".

"On me demande, que pensez-vous de la présence du président Chavez à la prise de fonctions du président Santos ? Ma réponse est qu'il ne s'agit pas d'un sujet purement cosmétique, ni de rapports d'apparence (...) ce dont nous avons besoin ici, c'est d'un compromis pour que nulle part le terrorisme ne puisse trouver sa place. C'est là le sujet de fond", a déclaré M. Uribe.

M. Santos, qui se trouvait jeudi à Miami (sud-est des Etats-Unis) a pour sa part réagi à cette nouvelle en indiquant qu'il faudrait "entamer un dialogue (avec le Venezuela, ndlr) pour résoudre le problème posé: celui de la présence de terroristes en territoire vénézuélien".

Les relations diplomatiques entre la Colombie et le Venezuela sont gelées depuis la fin du mois de juillet 2009, lorsque Bogota avait annoncé la conclusion d'un accord avec Washington permettant à l'armée américaine de faire usage d'au moins sept bases en Colombie.

Cet accord avait été jugé menaçant pour la sécurité régionale par Hugo Chavez.