Deux personnes soupçonnées de faire partie de la nébuleuse islamiste ont été arrêtées en Norvège. Une troisième a été appréhendée en Allemagne. La police norvégienne les accuse de fomenter un "acte terroriste".
AFP - La police norvégienne a arrêté jeudi trois proches d'Al-Qaïda soupçonnés d'avoir préparé des "actes terroristes" et impliqués vraisemblablement dans des tentatives d'attentats déjouées à New York et Manchester en 2009.
"Trois personnes soupçonnées de préparation d'acte terroriste et qui sont liées à Al-Qaïda ont été arrêtées aujourd'hui (jeudi)", a déclaré la directrice générale de la Police de sécurité publique norvégienne (PST) Janne Kristiansen en conférence de presse à Oslo.
Le Premier ministre Jens Stoltenberg, en vacances, est rentré à Oslo spécialement à cause de ces arrestations qu'il qualifie de "plus graves de ce genre jamais effectuées en Norvège".
Ni lui ni la PST n'ont dit si les suspects préparaient un attentat sur le sol norvégien, mais la police affirme dans un communiqué que "l'affaire a des liens avec celles des Etats-Unis et de Grande-Bretagne".
Le procureur général national Jan Glent pense également que les personnes arrêtées jeudi, dont les identités n'ont pas été révélées, ont "un lien avec les tentatives (d'attaques terroristes) similaires" déjouées en 2009 à New York et Manchester et attribuées à Al-Qaïda.
"Il y a eu une vaste coopération entre la PST et d'autres pays dans cette affaire, ce qui a été absolument nécessaire à la prévention du terrorisme international", se félicite la police norvégienne.
La justice américaine a inculpé mercredi un dirigeant d'Al-Qaïda, El Shukrijumah, et en a mis en cause deux autres, Saleh al-Somali et Rashid Rauf, pour avoir piloté depuis le Pakistan le complot déjoué dans le métro de New York en septembre dernier.
Deux personnes arrêtées en avril 2009 à Manchester (Grande-Bretagne) et soupçonnées d'avoir préparé des attentats, Abid Naseer et Tarik Ur Rehman, sont liées à ce complot.
Les interpellations de jeudi sont le fruit d'une longue enquête, souligne la PST qui affirme avoir eu les suspects sous contrôle tout ce temps, "sans que la population soit mise en danger".
La question de leur arrestation était en permanence posée et la décision a été prise "parce que nous avons appris que la presse internationale avait connaissance de certaines données de l'affaire et voulait les publier", explique la PST qui voyait là un "risque considérable" pour la suite de l'enquête.
Deux des suspects ont été arrêtés dans la région d'Oslo et un en Allemagne avec l'aide de la police allemande.
Il s'agit d'un Norvégien de 39 ans d'origine ouïghour réfugié en 1999 en Norvège où il a obtenu la nationalité en 2007, d'un Kurde irakien de 37 ans arrivé en Norvège également en 1999 où il bénéficie d'un permis de résidence à titre humanitaire, et d'un Ouzbek de 31 ans, ancien demandeur d'asile aujourd'hui titulaire d'un permis de résidence permanent au titre du regroupement familial.
S'ils sont reconnus coupables des faits qui leur sont reprochés, ils risquent 12 ans de prison, les peines en Norvège étant plutôt courtes.
La PST assure que la présence de tels groupes en Norvège ne représente qu'un danger restreint pour la sécurité nationale, leur rôle étant avant tout d'apporter un soutien dans des opération à l'étranger.
"C'est pourquoi les arrestations d'aujourd'hui ne modifieront pas l'évaluation de la menace pesant actuellement sur la Norvège", a noté la PST, pour qui "le niveau de cette menace restera bas".
Tout en reconnaissant la faible menace pesant sur le pays, M. Stoltenberg a regretté de voir des signes d'une tendance allant "dans le sens de ce qui s'est passé dans des pays où ont été commis des actes terroristes".
Le ministre de la justice Knut Storberget considère également que la "tendance est négative" en Norvège où les menaces se font plus nombreuses.