
Après maintes tentatives, BP a annoncé, le 16 juillet, avoir réussi à colmater la fuite du puits de pétrole à l'origine de la marée noire qui souille le golfe du Mexique depuis le 20 avril. Retour sur près de trois mois de ratages.
26 avril : Des robots à l’assaut. Le géant pétrolier tente dans un premier temps d’envoyer quatre robots pour fermer la valve de sécurité et couper la fuite. Si la robotique est utilisée depuis une trentaine d’années pour des opérations de maintenance, c’est une première à une telle profondeur (1 500 mètres). Lorsque BP annonce l’opération, les robots étaient déjà au travail depuis quelques jours… sans succès. Le pétrolier reconnaîtra très vite qu’il doit essayer autre chose. En parallèle, BP annonce le forage de puits de délestage, une solution qui paraît efficace mais qui devrait prendre plusieurs mois.
8 mai : Premier couvercle. Un silo blanc en forme de dôme de 12 mètres de haut est déposé pour tenter de pomper le pétrole. Là encore, c’est la première fois que ce procédé est utilisé à une telle profondeur. Les experts avertissent qu’en cas d’échec, il pourrait y avoir un effet accélérateur du débit de la fuite… Mais la tentative tourne court car des cristaux se forment au niveau du silo et empêchent tout simplement de siphonner le pétrole.
12 mai : Deuxième couvercle… ou presque. BP annonce avoir déposé un deuxième silo au niveau de la fuite mais interrompt l’opération avant même de commencer à pomper. Le pétrolier avait misé sur un dôme plus petit (2,4 mètres de haut) dans lequel il aurait pu déverser de l’eau chaude pour éviter la formation de cristaux. Seulement, il semblerait qu’avec ce couvercle, les travaux de siphonage auraient pris trop longtemps. De plus, de l’aveu même de BP, il n’était pas du tout sûr de pouvoir ne serait-ce que pomper avec ce silo.
13 mai : Le tube de BP. Fini les couvercles, promis juré. BP entreprend de siphonner le pétrole grâce à un tube de 15 cm de diamètre et de 1,5 km de long inséré dans le tuyau qui relie le puits à la plateforme de forage. Trois jours plus tard, le géant britannique l’assure : il a enfin réussi à pomper du pétrole. Pas autant qu’il l’aurait souhaité, mais tout de même 2000 barils par jour. Malheureusement, le pétrole continue à s’écouler dans le golfe du Mexique. Le "Miami Herald" du 19 mai cite même des garde-côtes qui assurent que la marée noire empire. BP s’entête et ne décidera de rechanger de fusil d’épaule qu’une semaine plus tard.
26 mai : Opération "Top kill". De l’eau, du barite (un minerai) et ensuite du ciment : tels sont les ingrédients de ce que certains ont appelé l’opération de la dernière chance. BP déverse sa solution dans deux conduits qui mènent à la valve anti-explosion du puits. Les experts préviennent qu’une telle manœuvre peut endommager d’avantage le puits à cause de la pression exercée sur sa structure. BP explique que "Top kill" a "60 % à 70 % de chances de réussir". Le 27 mai, le géant pétrolier croit même pouvoir annoncer qu’il a enfin arrêté la fuite. Erreur : deux jours plus tard, il revient sur sa position. C’est encore un échec. Cette fois-ci, le ciment a cédé face à la pression de la fuite.
31 mai : Le retour du couvercle. "Nous croyons maintenant que le couvercle de confinement est le moyen le plus efficace de minimiser l'impact de la fuite de pétrole", déclare le directeur général de BP dans un communiqué. Le groupe revient donc à ses premières amours. Mais cette fois-ci, il va en sus sectionner les pipelines endommagés et ajuster le dôme dessus. Pour ce faire, BP utilise à partir du 1er juin une scie en diamant. Il réussira, non sans mal, dans son entreprise. Pendant quelques heures la scie restera en effet coincée dans la structure. Le géant pétrolier annonce le 3 juin qu’il a recommencé à pomper du pétrole mais qu’il lui faudra au moins deux jours pour estimer combien il peut ainsi en récupérer.
7 juin : Succès partiel. L'entonnoir installé pour capter le pétrole qui s'échappe du puits commence à produire ses effets. Ce jour-là, quelque 950 000 litres d'hydrocarbure ont pu être récupérés grâce au dispositif. "Le but est de continuer cette récupération, et de l'augmenter" pour, ensuite, "commencer à réduire la quantité de pétrole qui s'échappe par les soupapes", affirme le commandant des garde-côtes américains, l'amiral Thad Allen.
3 juillet : Une "baleine" pour épauler le dôme. Pendant que BP tente toujours de colmater la fuite de son puits au fond de la mer, les autorités américaines cherchent le moyen d'écumer le pétrole en surface. Sous la surveillance des gardes-côtes, elles mettent à l'essai un navire taïwanais spécialisé dans la récolte de pétrole répandu en mer baptisé "A Whale" ("Une baleine").
12 juillet : Changement d'entonnoir. BP décide de poser un nouvel entonnoir sur son puits de pétrole endommagé. Baptisé "Top Hat 10", le dispositif est capable de contenir la totalité de la fuite à l'origine de la marée noire, assure la compagnie. Le modèle installé jusqu'alors ne parvenait à capter, lui, que 25 000 des 35 000 à 60 000 barils de brut qui souillaient quotidiennement le golfe du Mexique depuis le 20 avril. Trois jours plus tard, BP annonce avoir réussi à arrêté la fuite pour la première fois depuis le début de la catastrophe.