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Les pays de la zone euro entérinent le plan d'aide à la Grèce

Réunis à Bruxelles, les dirigeants de la zone euro ont définitivement activé le plan d'aide à la Grèce de 110 milliards d'euros. Ils se sont également dit favorables à un renforcement de leur discipline budgétaire, afin de rassurer les marchés.

AFP - Les leaders de la zone euro ont entériné vendredi soir à Bruxelles le plan d'aide à la Grèce et décidé de renforcer la discipline budgétaire, cherchant à contenir la tourmente financière qui s'est mondialisée, jusqu'à inquiéter le président américain Barack Obama comme le G7.

Réunis depuis 18h25 GMT, les dirigeants des 16 pays ont définitivement approuvé l'activation du paquet de 110 milliards d'euros de prêts à la Grèce sur trois ans, 80 milliards pour l'eurozone et 30 du FMI, selon une source diplomatique.

Ils se sont également dits disposés sur le principe à "renforcer" leur discipline budgétaire, selon cette source, mais les détails de ce dispositif restaient à régler. Les discussions se poursuivaient vers 21h30 GMT.

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Les pays de la zone euro entérinent le plan d'aide à la Grèce

Les dirigeants discutaient également de la mise en place d'un Fonds de soutien face à la crise pour aide les pays menacés, qui pourrait être alimenté par la Commission européenne - à hauteur de 70 milliards d'euros - et la Banque centrale européenne, selon des sources diplomatiques.

La crise grecque menace de se propager à d'autres pays européens, les marchés se défiant de l'ampleur des déficits et de la dette publique dans de nombreux pays de la zone euro, qui ont laissé filer leurs comptes ces deux dernières années pour faire face à la récession mondiale.

Plusieurs pays, Espagne, Portugal et Italie, ont été la cible des marchés et la contagion a fait dévisser cette semaine les Bourses du monde entier.

Les contributions (en euros) des États de la zone euro

Les gouvernements de la zone euro vont prêter 80 milliards d'euros à la Grèce sur trois ans.

Allemagne : 22,33 milliards

France : 16,77 milliards

Italie : 14,74 milliards 

Espagne : 9,79 milliards

Pays-Bas : 4,7 milliards

Belgique : 2,86 milliards

Autriche : 2,29 milliards

Portugal : 2,06 milliards

Finlande : 1,48 milliard

Irlande : 1,31 milliard

Slovaquie : 820 millions

Slovénie : 390 millions 

Luxembourg : 210 millions

Chypre : 160 millions

Malte : 70 millions

Soulignant la gravité de la situation, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, l'a qualifiée de "crise systémique", c'est-à-dire menaçant toute la zone euro, selon une source européenne.

Plusieurs des participants, dont le président français Nicolas Sarkozy et celui de la Commission européenne José Manuel Barroso, ont d'ailleurs jugé "trop faible" un projet en discussion prévoyant la simple promesse de durcir la discipline budgétaire.

Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, assurant que la zone euro était "en état d'urgence", a lui aussi demandé "des décisions"

La chancelière allemande Angela Merkel, longtemps très réticente à ce sauvetage, avait elle aussi plaidé avant la réunion pour un durcissement de la discipline budgétaire européenne, y compris en modifiant les traités, et pour une "accélération" des efforts de régulation du secteur financier, souvent accusé d'avoir spéculé contre les pays présumés "maillons faibles".

"Nous allons réaffirmer notre confiance dans nos économies et dans notre monnaie commune", avait quant à lui assuré le Premier ministre grec Georges Papandréou, dont le gouvernement a fait adopter en échange du paquet d'aide une cure d'austérité draconienne, contestée dans son pays.

La tempête financière ayant gagné le monde entier, le président Obama, qui a promis de protéger les investisseurs au lendemain d'une panique sans précédent à Wall Street, s'en est mêlé. Il s'est dit d'accord sur la nécessité d'apporter "une réponse forte" à la crise, tant politique que financière, promettant le soutien de Washington "pendant cette période critique".

Un des dirigeants de la banque centrale américaine (Fed), Charles Plosser, a averti que "la reprise économique des Etats-Unis pourrait être retardée par une nouvelle agitation sur les marchés financiers".

Autre signe de cette inquiétude mondiale, les ministres des Finances des grands pays industrialisés du G7 ont eu vendredi une conférence téléphonique d'urgence sur la crise.

Les marchés ont achevé sur un dernier plongeon une semaine noire, Paris perdant 4,60%. Francfort, comme Milan, 3,27%, Londres 2,62%, Madrid 3,28%, Moscou plus de 5%, Bruxelles 4,33%, Athènes 2,86% et Lisbonne 2,94%.

Hors Europe, Tokyo a perdu 3,10%, la Banque du Japon injectant 2.000 milliards de yens (17,4 milliards d'euros) dans le circuit bancaire pour tenter d'apaiser les craintes, tandis qu'à New York le Dow Jones a perdu 1,34%.

Pour sa part, l'euro est légèrement remonté après avoir touché son plus bas niveau depuis mars 2009. Vers 18h00 GMT vendredi, il valait 1,2737 dollar, après avoir plongé jeudi sous les 1,26 dollar.

Plusieurs responsables, notamment espagnols et français, ont vivement dénoncé vendredi "la spéculation" comme responsable de l'aggravation de la crise, promettant des enquêtes.

Et le Comité européen des régulateurs boursiers (CESR) a quant à lui annoncé son intention de faire particulièrement "attention aux écarts potentiels, au respect des règles et aux cas de manipulation de marché".