Réunis vendredi à Washington, les ministres des Finances du G20 ne sont pas parvenus à un consensus sur le principe, élaboré par le FMI, d'une taxation du secteur financier afin de compenser le coût du sauvetage des banques.
AFP - Les Américains et les Européens n'ont pas convaincu tous les pays du G20 sur la nécessité d'une taxation du secteur financier, pour compenser le coût du sauvetage des banques à l'origine de la crise économique mondiale.
Née lors d'une réunion des ministres des Finances du groupe à Saint Andrews (Écosse) en novembre, cette idée a suscité des dissensions qui se sont étalées au grand jour à l'issue d'une nouvelle réunion vendredi à Washington.
Le communiqué du groupe des pays riches et émergents a demandé au Fonds monétaire international de poursuivre son travail sur la question, en vue d'un sommet des chefs d'État et de gouvernement lors d'un sommet prévu à Toronto (Canada) en juin.
Le FMI avait remis aux ministres et banquiers centraux un rapport proposant deux taxes, l'une s'appliquant à chaque institution financière en fonction de ses actifs, et en particulier des éléments risqués, et l'autre sur les profits et rémunérations.
Pour lui, cette taxation doit être cohérente entre pays du G20, pour éviter que les banques puissent l'éviter en choisissant de s'implanter dans un pays plutôt que dans un autre.
L'un des deux hôtes de cette réunion, le Canada, a mené la fronde contre le principe même, refusant d'imposer une charge à des établissements qui ont traversé la crise relativement intacts.
"Certains se sont prononcés en faveur, d'autres clairement contre", a souligné le ministre canadien Jim Flaherty, qui s'était publiquement déclaré contre cette taxation.
Il a reçu le soutien du Brésil. "Je préfère freiner le risque en exigeant plus de fonds propres, ce qui est une manière de pénaliser les banques (...). La crise n'est pas provenue de nos systèmes financiers", a appuyé le ministre brésilien, Guido Mantega.
Les quatre pays les plus en faveur de cette taxe, l'Allemagne, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, campaient sur leurs positions.
"Ce que nous avons expliqué au Canada, c'est que le risque (que le banques canadiennes subissent de lourdes pertes, ndlr) ne s'est pas présenté cette fois, mais ultérieurement ce risque pourrait se matérialiser", a expliqué la ministre française de l'Économie Christine Lagarde.
Toutefois d'après elle, "il n'a jamais été question de se mettre d'accord aujourd'hui. Il faut un examen de l'assiette, du taux et de l'objectif. La taxe est un projet qui va suivre son cours car les pays ne sont pas tous sur la même ligne".
Chargé de retravailler sa proposition, le FMI est désormais contraint à un exercice difficile: esquisser une solution pouvant susciter le compromis, alors qu'il avait une idée neuve, la "Financial Activities Tax" (FAT), la taxe sur les profits et rémunérations qui devait décourager la prise de risque excessive.
Les désaccords vont aussi contraindre les sherpas du G20 à de difficiles exercices de compromis, dans un groupe plus disparate que le traditionnel G7.
"Il y a toujours des divergences de vues, en particulier entre les pays qui ont eu des coûts élevés durant la crise financière et d'autres pays qui n'ont pas supporté de tels coûts, particulièrement les économies émergentes", relevait le secrétaire d'État aux Finances allemand Jörg Asmussen.
Mais pour lui, "personne n'a contesté durant la réunion l'idée que le secteur financier doive payer sa part".
"Que les pays adoptent ce genre de taxe, c'est une simple question d'équité", a insisté le secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner.