Des milliers d'extrémistes blancs ont afflué à Vantersdorp, dans le nord-ouest de l'Afrique du Sud, pour assister aux funérailles de leur leader Eugène Terre'Blanche. Un important service de sécurité a été déployé.
AFP - Des milliers d'extrémistes de droite blancs se sont rassemblés vendredi à Ventersdorp, dans le nord-ouest de l'Afrique du sud, pour les funérailles sous haute sécurité du leader radical assassiné Eugène Terre'Blanche.
"Le monde était contre lui", a déclaré le pasteur Ferdie Devenier lors du service en afrikaans, la langue de l'Eglise réformée et des descendants des premiers colons européens. "Les gens ne voyaient que ce qu'il y avait de mauvais en lui", a-t-il poursuivi.
Aux pieds du pasteur, le cercueil du chef du Mouvement de résistance afrikaner (AWB), avait été recouvert d'un drapeau aux couleurs de la formation: une croix noire rappelant la swastika nazie, dans un cercle blanc sur fond rouge.
Le temple était rempli à pleine capacité et des milliers de fermiers blancs et de partisans de l'AWB en tenue kaki ont suivi le service à l'extérieur grâce à des hauts-parleurs. Selon la police, présente en masse, l'assemblée était constituée de 7 à 10.000 personnes.
Le chef de la police nationale, Bheki Cele, qui avait rencontré la famille avant la cérémonie, et la ministre de l'Agriculture Dipuo Peters, ont suivi le service religieux.
Le cortège s'est ensuite dirigé vers la ferme d'Eugène Terre'Blanche pour l'inhumation. Les véhicules de ses partisans ont fait flotter le drapeau du régime d'apartheid et ceux de l'AWB sur la route menant au cimetière familial.
L'enterrement n'a duré qu'une vingtaine de minutes. Après avoir lancé des pétales de rose sur le cercueil, les proches du défunt se sont dispersés.
Compte-tenu du passé violent de l'AWB, qui a organisé de nombreux attentats meurtriers dans les années 1990 pour empêcher la chute de l'apartheid, la police avait mobilisé d'importants moyens.
Elle avait déployé hélicoptères, maîtres-chien, démineurs et des unités spécialisées dans le contrôle des foules.
Cette surveillance n'a pas empêché un militant de l'AWB de frapper un caméraman noir de la télévision privée e-TV, qui compte déposer plainte pour agression.
Le meurtre d'Eugène Terre'Blanche, 69 ans, battu à mort par deux de ses ouvriers agricoles noirs, a fait resurgir les tensions raciales sous-jacentes dans les zones rurales, où persistent d'effarantes inégalités 16 ans après la chute de l'apartheid.
Les meurtriers présumés, inculpés mardi, ont expliqué s'être disputé avec leur patron au sujet d'un salaire mensuel impayé, de l'ordre de 30 euros.
L'AWB a appelé vendredi les fermiers blancs à s'armer pour se défendre contre "la tuerie des Blancs par les Noirs en Afrique du Sud." Une bannière devant l'église appelait même à "la guerre".
A l'issue d'un entretien dans la matinée avec le secrétaire général de l'AWB Andre Visagie, le chef de la police a renvoyé à la réalité d'une criminalité élevée dans le pays, dont sont victimes les Sud-Africains de toutes races.
"L'année dernière, nous avons perdu beaucoup de gens en Afrique du Sud. Nous avons perdu 18.000 personnes. Nous ne regardons pas si elles sont blanches ou noires", a-t-il dit.
Pour éviter les affrontements, la confédération syndicale Cosatu avait appelé les Noirs des alentours à se réunir dans le township voisin de Tshing. "Ils nous ont dit de ne pas aller en ville pendant les funérailles", a expliqué à l'AFP Hendrick Ntlatlang, qui a assisté à la rencontre avec 320 personnes.
"On ne sait pas de quoi les Blancs sont capables. On restera chez nous ce week-end", a-t-il ajouté.