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Le gouvernement neutralise la chaîne de télévision des "chemises rouges"

"La Chaîne du Peuple" des partisans de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra a été fermée, sur ordre des autorités thaïlandaises. Il s'agit de la première mesure concrète prise par le pouvoir depuis que l'état d'urgence a été décrété.

AFP - Les autorités thaïlandaises ont neutralisé jeudi la chaîne de télévision par satellite des "chemises rouges", manifestants qui réclament la démission du Premier ministre, première mesure concrète au lendemain de l'imposition de l'état d'urgence à Bangkok.

"Nous venons de réussir à fermer la Chaîne du Peuple", a indiqué à l'AFP Satit Wonghnongtaey, ministre auprès du Premier ministre, peu après l'apparition d'un écran noir sur le faisceau de la télévision du mouvement.

"Il était normal que les autorités compétentes agissent (...) car cette télévision a été utilisée pour mobiliser les manifestants".

Des dizaines de milliers de "chemises rouges", favorables à l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, exigent depuis la mi-mars la dissolution de la chambre basse et l'organisation d'élections anticipées, estimant que le Premier ministre Abhisit Vejjajiva n'a aucune légitimité.

Abhisit, poussé à bout par les manifestants qui ont fait intrusion mercredi dans la cour du parlement et occupent un quartier touristique majeur de la capitale depuis samedi dernier, a décrété l'état d'urgence en promettant de ramener au plus vite le calme dans le pays.

"C'est une mesure diabolique d'un gouvernement dictatorial", a protesté Nattawut Saikuar, un cadre "rouge", en évoquant la coupure du faisceau. "Le gouvernement a tort de penser que couper le signal empêchera les +rouges+ de se rassembler".

L'opposition a appelé à un nouveau rassemblement dès vendredi. "Je veux avertir ceux qui veulent réprimer les manifestants pour la démocratie que ce ne sera pas facile", a déclaré Jatuporn Prompan, un autre cadre du mouvement.

Le chef du gouvernement a jusqu'à présent accepté de négocier des élections anticipées, mais pas avant la fin de l'année. L'opposition a pour sa part demandé une démission sous 15 jours.

"Je retire notre proposition de démission sous 15 jours", a rectifié Jatuporn jeudi. "Abhisit ne peut même pas rester en fonction une journée de plus".

L'opposition accuse Abhisit, au pouvoir depuis décembre 2008 à la faveur de décisions de justice et de renversements d'alliances parlementaires, de servir les élites traditionnelles de Bangkok aux dépens des masses rurales et populaires du pays.

Peu après l'imposition de l'état d'urgence mercredi, Satit avait affirmé que les autorités souhaitaient disperser les manifestants, arrêter leurs leaders et fermer la télévision des "rouges".

Plus tard dans la soirée cependant, le vice-Premier ministre en charge de la sécurité, Suthep Thaugsuban, a adopté un ton plus conciliant et affirmé qu'il n'était pas question d'utiliser la violence.

"Il n'y a pour l'instant aucune volonté de disperser" les manifestants, a-t-il déclaré. "Il y aura beaucoup de rumeurs (...). Le gouvernement agira en toute transparence pour ramener la situation à la normale".

Les "rouges" ont fait brusquement monter les enchères en s'installant samedi dernier au coeur d'un quartier touristique et commerçant de la capitale, provoquant des pertes énormes pour les hôtels et centres commerciaux environnants.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, une grenade a été lancée et des coups de feu tirés devant le siège d'un parti anti-Thaksin et adversaire des "rouges", selon un porte-parole de la formation. Un policier a été blessé.

Selon la presse, une grenade a aussi brisé les vitres du bureau du chef de l'armée, Anupong Paojinda.