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Comment l'Église catholique française gère la crise auprès de ses ouailles

Après la série de scandales pédophiles qui a secoué l'Église, comment les instances éducatives catholiques se préparent à affronter les nombreuses inquiétudes et interrogations des jeunes. Et de leurs parents.

La récente prise de position du Vatican sur les cas de pédophilie qui ont éclaboussé l’Eglise suscite nombre d’interrogations au sein de la communauté catholique de France, et notamment chez les plus jeunes. "Les scandales ont eu un tel retentissement médiatique que beaucoup de questions vont être posées durant les séances d’aumônerie, prédit Ségolaine Moog, secrétaire nationale des Aumôneries de l’enseignement public (AEP) en France. Mais les animateurs disposent d’un arsenal de réponses."

Depuis 2002, les instances éducatives catholiques peuvent en effet se référer à l’opuscule "Lutter contre la pédophilie, repères pour les éducateurs", une publication épiscopale qui peuvent les aider à prévenir et repérer les comportements à risques pour, le cas échant, saisir la justice. Cet opuscule est le fruit d’un travail mené au lendemain de la mise en examen de l’évêque du diocèse de Bayeux (Normandie), Mgr Pierre Pican, à qui l’on reprochait d’avoir couvert des abus sexuels commis sur des enfants.

Aumônier du collège et lycée Saint-Louis-de-Gonzague, dans le 16e arrondissement de Paris, le père Pascal Gauderon insiste, de son côté, sur la nécessité de "prendre du recul". "Notre rôle n’est pas de surfer sur la vague médiatique mais de rester à l’écoute des vraies questions des jeunes et d’y répondre", explique-t-il, tout en précisant que ces derniers "se sentent davantage concernés par la question du divorce, de l’avortement, de l'alcool et de la drogue, que par la pédophilie, beaucoup plus rare". Pour l'ecclésiastique, l'important est d'"apprendre aux jeunes à faire la part des choses, à réaliser que le prêtre est un homme faillible, amené à commettre des péchés. Malgré la gravité de ces actes, il n’est pas exempt du mystère de la miséricorde."

Confiance et vigilance

Ainsi, pour Pascal Gauderon, "le ciment d’une communauté éducative, c’est la confiance. Mais, prévient-il, cela demande évidemment une certaine vigilance". Une vigilance qui, selon Ségolaine Moog, "sera probablement accrue" lors des camps de jeunes organisés par les aumôneries ou les paroisses cet été. A l’instar de toute organisation laïque, "il existe déjà des règles d’usage", comme, par exemple, "ne pas être seul en présence d’un mineur dans une pièce", "laisser la porte ouverte" si une situation d’intimité est nécessaire, "pouvoir se confier", etc. "Aussi loin que je me souvienne, ce sont des mesures de bon sens qu’on a toujours appliquées. Mais depuis les années 2000 au minimum, on y porte davantage d’attention", note-t-elle.

Tous les jours au contact des jeunes, le père Pascal Gauderon parle également de "règles de base", de "garde-fou" que chaque prêtre met en pratique. "Un éducateur, religieux ou laïque, ne doit pas entretenir de relation affective privilégiée avec un jeune, même si toute relation humaine implique, par définition, le risque d'une confiance partagée". Pour lui, il s’agit de "trouver l’équilibre entre rester à l’écoute, donc se faire proche, et préserver la liberté de l’autre dans un vrai respect."