Des milliers de manifestants ont protesté à travers le monde musulman, faisant écho à l'appel d'une "journée de colère" lancé par le Hamas, au septième jour des raids israéliens qui ont tué plus de 400 Palestiniens.
Regardez le reportage : "Israël autorise les étrangers à évacuer Gaza".
Des milliers de personnes ont manifesté à travers le monde musulman, ce vendredi, contre l'offensive israélienne à Gaza, après un appel à des rassemblements en solidarité avec "leurs frères de la bande de Gaza" lancé par le Hamas.
Au septième jour de l’offensive israélienne et au lendemain de l’attaque aérienne qui a tué Nizar Rayan, un important dirigeant du parti islamiste, des milliers de Palestiniens ont envahi les rues de Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne.
A Jérusalem-Est occupée, où la police israélienne a déployé d'importants renforts et limité l'accès à l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam, des heurts ont éclaté entre des Palestiniens qui lançaient des pierres et des policiers israéliens. Près de 3 000 fidèles assistaient à la prière.
Des milliers de musulmans à travers le monde ont répondu à l’appel d’une "journée de la colère" lancé par le Hamas. |
En Iran, plusieurs milliers de croyants ont envahi les rues de Téhéran et de plusieurs autres villes du pays, en hurlant "Mort à Israël" et "Mort aux Etats-Unis". "Nous demandons un cessez-le-feu immédiat, l'arrêt des attaques et l'aide à la population de Gaza ainsi que la fin du blocus et l'ouverture de toutes les frontières, notamment maritimes", a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki.
Au Caire, un rassemblement contre l’offensive israélienne à Gaza a été dispersée. Dans la capitale jordanienne, Amman, des manifestants qui tentaient de s’approcher de l’ambassade d’Israël ont été repoussés à coup de gaz lacrymogène. Un autre mouvement a rassemblé près de 40 000 personnes dans un stade de la ville.
Dans le reste du monde, d’importantes manifestations ont également eu lieu, notamment en Turquie, en Afghanistan, en Australie, aux Philippines et en Indonésie. Plus de 10 000 musulmans ont défilé dans Jakarta après leur prière du vendredi.
L’appel du Hamas à une "journée de la colère"
Quelques heures plus tôt, dans un communiqué publié sur son site d'information, le Hamas avait appelé à la tenue de "marches massives" de solidarité avec les Palestiniens de Gaza après les prières du vendredi partant de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem et de "toutes les mosquées en Cisjordanie".
La veille, l’un des dirigeants du mouvement islamiste, Nizar Rayan, avait été tué lors du bombardement de sa maison par l’armée israélienne, ce qui porte un coup dur au Hamas, désormais privé de l’un de ses meilleurs orateurs. L’homme était connu pour ses discours enflammés contre Israël et le Fatah de Mahmoud Abbas.
Nizar Rayan, le dirigeant du Hamas tué lors d’un raid israélien mercredi 31 décembre. |
Au Liban, des centaines de personnes ont défilé dans les rues de Beyrouth jusqu'à l'ambassade d'Egypte. "Dirigeants arabes, assez de silence, les gens de Gaza meurent!", scandaient les manifestants, accusant l’Egypte de complicité avec Israël.
“En ce moment, le monde arabe n’est pas au mieux de sa forme,” a avoué l’ambassadeur de la Ligue arabe à Paris Nassif Hitti, interrogé par FRANCE 24.
Les offensives israéliennes sur la bande de Gaza durent depuis une semaine. |
Les étrangers priés de quitter la bande de Gaza
Ce vendredi, Israël a autorisé plus de 400 ressortissants étrangers possédant une double nationalité - des femmes et des enfants pour la plupart – à quitter la bande de Gaza, via le terminal d'Erez. Une opération exceptionnelle, organisée avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Les personnes évacuées sont en majorité des ressortissants d'Europe de l'Est ou de Russie.
Cette évacuation ravive la crainte d’une offensive terrestre de grande envergure, après le déploiement massif de chars israéliens le long de la frontière avec Gaza. "Certains observateurs la voient en tout cas comme un signal lancé par Israël", commente Annette Young, correspondante de FRANCE 24 à Jérusalem.
1,5 million de Palestiniens ne peuvent pas quitter la bande de Gaza.
Zouheir al-Naggar, correspondant FRANCE 24 à Gaza, explique que la panique gagne peu à peu les habitants de la région, où des centaines d’habitations ont été détruites. "Depuis deux jours, l’idée d’une offensive israélienne terrestre se fait de plus en plus pressante, affirme-t-il. Le fait que des Russes et des Américains aient disposé, ce matin, de quatre petites heures pour évacuer le centre de la Croix-Rouge a alimenté toutes les craintes."
Selon des sources médicales palestiniennes, plus de 400 personnes ont été tuées et près de 2 000 autres blessées depuis le début des hostilités samedi. Près de 25 % des victimes seraient des civils, selon les Nations unies.
Côté israélien, depuis samedi, les autorités dénombrent quatre personnes tuées et des dizaines de blessés, victimes des tirs de roquette lancées par le Hamas.