L'ex-chef des armées et principal opposant au président Mahinda Rajapakse comparaît devant la Cour martiale pour répondre de sept chefs d'inculpation portant sur son engagement politique avant sa démission.
AFP - L'ancien chef des armées du Sri Lanka devenu le principal opposant du chef de l'Etat, Sarath Fonseka, était jugé en cour martiale à partir de mardi pour son rôle présumé en politique en tant que général, ce qui pourrait lui valoir cinq ans d'emprisonnement.
Fonseka et le chef de l'Etat Mahinda Rajapakse sont considérés dans l'île comme les principaux artisans de la victoire militaire contre les Tigres de libération de l'Eelam Tamoul (LTTE) en mai 2009, qui a mis fin à 37 ans d'un sanglant conflit ayant fait près de 100.000 morts, selon les Nations unies.
L'audience devant un jury composé de trois généraux s'est ouverte pour juger l'ancien haut gradé accusé de passation de marché illégale et de s'être engagé en politique avant d'avoir démissionné de l'armée à l'automne dernier.
"La procédure a débuté avec le général Fonseka en présence d'une équipe d'avocats dans les quartiers généraux de la marine à Colombo", a déclaré une source proche du dossier, sous couvert d'anonymat.
Les avocats ont formulé une objection préliminaire, affirmant que les trois juges militaires n'étaient pas impartiaux, mais elle a été rejetée, a-t-on appris auprès du porte-parole de Fonseka, Anura Kumara Dissanayake.
Après 3 heures de procédure, une nouvelle audience a été fixée au 6 avril.
La cour doit se réunir à nouveau mercredi pour aborder le chef d'inculpation concernant des irrégularités dans des achats de matériel militaire.
Les journalistes ne sont pas autorisés à suivre les débats.
L'armée a renforcé la sécurité à Colombo tandis que la police a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser des dizaines de partisans de l'ancien général quatre étoiles qui tentaient de manifester dans la capitale.
"Il y aura environ 35 témoins pour ce procès qui peut durer des semaines voire des mois", a déclaré à l'AFP une source proche du ministère de la Défense sous couvert d'anonymat. "S'il est jugé coupable, il pourrait être condamné à une peine d'emprisonnement de 2 à 5 ans", a-t-elle précisé.
Fonseka, 59 ans, est persuadé que sa traduction en cour martiale vise à l'empêcher de faire campagne pour les élections législatives le 8 avril prochain, auxquelles il s'est porté candidat, selon son porte-parole.
Il avait été arrêté deux semaines après son échec à l'élection présidentielle le 26 janvier face au chef de l'Etat Mahinda Rajapakse sur des soupçons de conspiration contre le gouvernement. Aucun chef d'inculpation de cet ordre n'a cependant été retenu contre lui.
Depuis sa réélection, le chef de l'Etat a été accusé par des opposants et des associations de défense des droits de l'Homme de resserrer son emprise sur les partis d'opposition et les médias.
Arrêté et placé en détention le 8 février, Fonseka a depuis refusé de coopérer avec les enquêteurs militaires, affirmant qu'ils n'avaient pas le droit de le poursuivre puisqu'il avait quitté l'armée en novembre.
L'ex-général avait démissionné à grand fracas après avoir été accusé de fomenter un coup d'Etat contre le gouvernement. Il avait ensuite créé la surprise en se présentant contre le chef de l'Etat, autrefois son allié dans le conflit contre la rébellion séparatiste tamoule.
Fonseka est le premier chef de l'armée du Sri Lanka a être traduit devant une cour martiale. Même après la tentative de coup d'Etat contre le gouvernement en 1962, les onze suspects avaient été jugés par un tribunal civil.
Contestant la légalité de son arrestation et de sa détention, il a déposé une requête auprès de la cour suprême, qui a fixé l'audience au 26 avril.