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Le pays aura besoin de trois ou quatre ans pour se reconstruire

Selon sa présidente Michelle Bachelet, le Chili aura besoin de prêts internationaux et de trois à quatre années pour se reconstruire après le violent séisme samedi dernier. Trois jours de deuil national ont été décrétés à partir de dimanche.

AFP - Des pelleteuses ont commencé jeudi à déblayer les décombres après le séisme et le tsunami qui ont fait plus de 800 morts dans le centre-sud du Chili, dont la reconstruction devrait prendre au moins trois ans et endetter le pays, selon le gouvernement.

Des secouristes poursuivaient leurs recherches mais leurs chances de retrouver des survivants s'amenuisaient, cédant la place dans des quartiers de Concepcion, la deuxième ville du pays, à des pelles mécaniques censées faire disparaître l'enchevêtrement de câbles, murs et toits effondrés.

La catastrophe "nous met à l'épreuve en tant que nation, une fois de plus", s'est attristée la présidente Michelle Bachelet, au cours d'un déplacement à Concepcion où elle a loué "la solidarité et l'héroïsme" des forces de l'ordre et de la population, qui a fait de nombreux dons aux victimes.

Le chef de l'ONU Ban Ki-moon était attendu jeudi soir au Chili pour une visite de deux jours.

Sur la côte, des plongeurs inspectaient les vagues malgré l'odeur de décomposition. "La plupart des corps sont terriblement gonflés et mutilés, très difficiles à identifier", a déclaré le lieutenant Gutierrez à Constitucion, où le tsunami a été plus meurtrier que le séisme qui l'a précédé.

Acheminée par 14.000 militaires, l'aide continuait d'arriver dans les zones sinistrées plus efficacement qu'au cours des jours précédents, ponctués de pillages en raison des pénuries.

Le gouvernement de Michelle Bachelet dit avoir envoyé environ 9.000 tonnes de vivres, eau, couches pour bébés, vêtements, distribués par des volontaires encadrés par les soldats que les Chiliens n'avaient pas vu si nombreux dans les rues depuis la dictature militaire (1973-1990).

Selon la présidente socialiste, la reconstruction du pays devrait prendre au moins "trois ou quatre ans", soit la quasi-totalité du mandat de son successeur Sebastian Pinera, un entrepreneur de droite appelé à prendre la tête de l'Etat dans sept jours.

"Nous ne serons pas le gouvernement du tremblement de terre, mais celui de la reconstruction", a lancé M. Pinera, qui a présenté un plan d'action pour "affronter l'urgence citoyenne, trouver les personnes disparues, soigner les malades, les blessés, et rétablir l'ordre public".

Le Chili, considéré comme un modèle de stabilité économique en Amérique latine, devra s'endetter à l'international pour financer la reconstruction, selon Mme Bachelet.

Le gouvernement n'a pas chiffré officiellement les dégâts, mais ils atteindraient 15 à 30 milliards de dollars, selon deux sociétés de modélisation des risques, Eqecat et AIR Worldwide, soit 10% du produit intérieur brut annuel.

Pour le Fonds monétaire international (FMI), le séisme ne devrait cependant pas avoir d'effet majeur sur la croissance du PIB "du fait de la force de l'économie" chilienne.

L'activité des mines de cuivre a repris progressivement lundi, évitant une perturbation de la production de ce métal dont le Chili assure le tiers de l'offre mondiale.

Si l'on parle déjà de reconstruction, la priorité reste venir en aide aux sinistrés. Deux millions de personnes ont été affectées par la catastrophe et 500.000 logements ont été détruits.

Plus d'un million d'habitants ont passé une nouvelle nuit sous couvre-feu, des milliers dormant dehors.

Des Chiliens revenant de l'étranger ont été saisis par l'état de l'aéroport de Santiago, où des tentes abritent les companies aériennes. Les démarches se font sur le tarmac secoué par les répliques au séisme de magnitude 8,8, un des plus violents des cent dernières années.

Tags: Séisme, Chili,