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Après sept jours de manifestations à Madagascar, une réunion s'est tenue au palais présidentiel
Le chef de l'État malgache a organisé mercredi une réunion au palais présidentiel avec des représentants de la communauté internationale, après sept jours de manifestations de la jeunesse contre le pouvoir en place et un appel à la grève générale. L'opposition, d'abord timide, s'est jointe mercredi au mouvement.
Des manifestants malgaches à Antsiranana brandissent le drapeau national et une banderole appelant le président Andry Rajoelina à partir, à Antananarivo le 1er octobre 2025. © FITA / AFP

La colère ne retombe pas à Madagascar. De nouvelles manifestations de la jeunesse malgache se sont déroulées mercredi 1er octobre dans plusieurs villes pour réclamer le départ du président Andry Rajoelina, après déjà une semaine de rassemblements et un appel désormais à la grève générale.

Mercredi soir, le chef de l'État a organisé une réunion au palais présidentiel avec des représentants de la communauté internationale, qui s'est terminée peu après 19 h locales (16 h GMT), a indiqué à l'AFP Lova Ranoromaro, une porte-parole de la présidence. Selon elle, le mouvement est dispersé, "sans qu'un vrai leader clair n'émerge pour porter leur parole et permette un échange structuré".

"Les revendications exprimées — notamment l'accès à l'eau et à l'électricité — ont déjà été prises en compte, avec en l'occurrence le soutien de nos partenaires internationaux. Mais (...) une instabilité politique conduirait à la suspension de ces appuis", a-t-elle ajouté, en évoquant "des financements importants".

Dans la grande ville d'Antsiranana (Diego Suarez, Nord), une foule de plusieurs milliers de personnes a défilé en appelant au départ du président, a confirmé à l'AFP une source locale. Un rassemblement de centaines de personnes a également eu lieu à Toliara (Tuléar, sud).

"Retrait stratégique"

Le mouvement Gen Z, à l'origine de la contestation, a appelé tard mercredi soir à un "retrait stratégique de 24 heures à Antananarivo" pour "préserver la santé et l'énergie de chacun". "Cela n'empêche en rien la poursuite des mobilisations dans les autres régions", prévient-il cependant dans un communiqué.

Dans l'après-midi, le centre d'Antananarivo a été bouclé par les forces de l'ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser des groupes épars, a constaté une équipe de l'AFP. La vie suivait son cours dans le reste de la capitale.

Des images d'un jeune garçon blessé au visage mercredi ont fait le tour des réseaux sociaux et médias malgaches. "Le gouvernement a pris en charge gratuitement le traitement du garçon blessé", a indiqué le principal hôpital de la capitale dans un message sur les réseaux sociaux montrant l'enfant, tête bandé, passant des imageries médicales.

L'opposition, d'abord timide, s'est jointe mercredi à la dynamique via une rare prise de position de la plateforme Firaisankina. Le principal opposant malgache Siteny Randrianasoloniaiko, notamment, et l'ancien président Marc Ravalomanana, parti après la contestation populaire de 2009, font partie des signataires.

Après sept jours de manifestations à Madagascar, une réunion s'est tenue au palais présidentiel
Des centaines de protestataires se sont rassemblés mardi à Antananarivo pour réclamer le départ du président Andry Rajoelina © RIJASOLO / AFP

Plus de 200 ONG locales ont par ailleurs appelé mercredi à la "fin immédiate de toutes formes de répression" et au "respect du droit de manifester", dans un communiqué commun.

"Rien n'a changé"

Un appel à une médiation de l'Église a été lancé, dans le sillage d'un message du pape, qui a appelé à la "promotion de la justice et du bien commun" dans cette île pauvre de l'océan Indien.

Ancien maire d'Antananarivo et magnat des médias, Andry Rajoelina, 51 ans, a été installé une première fois au pouvoir de 2009 à 2014 par les militaires après un soulèvement populaire. Il s'est mis en retrait quatre ans sous la pression internationale avant de se faire élire en 2018 puis réélire en 2023 lors d'un scrutin contesté. Lundi soir, il a limogé tout son gouvernement, sans parvenir à calmer le jeu.

Après sept jours de manifestations à Madagascar, une réunion s'est tenue au palais présidentiel
Le président de Madagascar Andry Rajoelina à la tribune de l'ONU le 24 septembre 2025 © Leonardo MUNOZ / AFP

"Il est au pouvoir depuis 16 ans, mais rien n'a changé, les conditions de vie des Malgaches se dégradent et empirent de jour en jour. Notre avenir s'assombrit", critiquait mardi un manifestant, coupe de cheveux et chemise soignées mais lui aussi masqué.

Reprenant le drapeau pirate tiré du manga "One Piece" vu lors des contestations en Indonésie ou au Népal et baptisé en référence à la génération née avec l'an 2000, le mouvement Gen Z a embrasé le pays au-delà de la capitale, via les réseaux sociaux.

Après sept jours de manifestations à Madagascar, une réunion s'est tenue au palais présidentiel
Des manifestants à Madagascar brandissent le drapeau pirate de l'anime japonais One Piece lors d'une nouvelle mobilisation contre le pouvoir à Antananarivo le 30 septembre 2025 © RIJASOLO / AFP

Le mouvement appelle la fonction publique à "se joindre à la grève générale". Le principal syndicat des inspecteurs du travail ainsi que de la société nationale de distribution d'eau et d'électricité (Jirama) ont annoncé se mettre en grève.

Les coupures incessantes d'eau et d'électricité, causées selon les manifestants par une mauvaise gestion du pouvoir, sont à l'origine du ras-le-bol et de la première manifestation le jeudi 25 septembre, suivie de pillages.

Avec AFP