Réunis à Paris ce jeudi, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel vont présider un conseil des ministres commun au cours duquel ils doivent adopter une série de 80 mesures destinées à renforcer la coopération franco-allemande pour les 10 années à venir.
Renforcer encore un peu plus la coopération franco-allemande, tel est le but des 80 mesures que doivent adopter Paris et Berlin lors d’un conseil des ministres commun qui, fait rare, réunira, ce jeudi matin, à l’Elysée, les deux gouvernements au grand complet.
Fruit d’un travail conjoint, ce programme, qualifié par l’Elysée "d’ambitieux et de concret", doit constituer l’agenda de la coopération franco-allemande d’ici à 2020. Selon Pierre Lellouche, ministre chargé des Relations européennes qui a œuvré à la réalisation de cet accord avec son homologue allemand Werner Hoyer, ces propositions visent "à intensifier la relation franco-allemande".
"Après quelques années difficiles, la France et l’Allemagne en sont venues à considérer que le moteur européen passait par un renforcement de leur coopération, commente Gauthier Rybinski, spécialiste de politique internationale à FRANCE 24. Chaque pays pense que c’est de cette façon qu’on pourra rallier la majorité des 25 autres pays européens."
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Sur le plan institutionnel, les ministres français et allemands pourront désormais prendre occasionnellement la parole devant le conseil des ministres du pays voisin "sur les sujets à l'ordre du jour". L’idée d’un ministre franco-allemand, un temps défendue par la France, a toutefois été écartée.
Soucieux de "supprimer les obstacles juridiques" qui entravent quelque peu leur coopération, Paris et Berlin s’apprêtent à signer un accord sur le régime matrimonial franco-allemand, le rapprochement des deux sociétés civiles, "l'espace culturel franco-allemand" et la mobilité des jeunes.
En matière d’économie, il s’agira de préparer des stratégies coordonnées de sortie de crise et de poursuivre de façon conjointe les efforts en faveur de la régulation financière et d’une meilleure gouvernance internationale.
"Il existe une grande attente du public pour savoir si la France et l’Allemagne se sont mises d’accord pour renouer des liens économiques", estime Gauthier Rybinski qui rappelle que les deux pays n'ont pas toujours été d'accord sur les moyens à mettre en œuvre pour relancer l’économie. Et d’ajouter : "Cela se traduit par une différence de déficit budgétaire notable, puisque si la France a un déficit de presque 8 % de son PIB, l’Allemagne n’en est qu’à 3%."
Pour ce qui est de l’environnement, l’Allemagne et la France ont convenu de travailler main dans la main dans les domaines de la sécurité énergétique, des énergies renouvelables et sur les questions climatiques. Les deux pays souhaitent "travailler à un accord international ambitieux" pour réduire les gaz à effet de serre. Parmi les projets dévoilés jeudi, la création d'un "standard européen unique en matière de voitures électriques".
Paris et Berlin souhaitent également unir leurs forces dans le domaine scientifique et consolidant la coopération dans l'innovation, la recherche, l'éducation et l'enseignement supérieur. Ils entendent notamment "doubler le nombre de jeunes chercheurs bénéficiaires des programmes de l'université franco-allemande" et "renforcer les échanges scolaires". Berlin devrait participer au programme Ariane 6, le lanceur spatial censé succéder à l'actuelle Ariane 5.
La politique étrangère sera un autre champ de travail commun, notamment en matière de défense, mais aussi de sécurité intérieure, sur les questions d’immigration, mais aussi le trafic de drogue ou la mise en place d'une banque de données européenne sur les passagers aériens.