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Le Premier ministre Michel Barnier affronte, mardi, la première motion de censure déposée par la gauche contre son gouvernement, deux jours avant la présentation du budget 2025.

Le Premier ministre Michel Barnier affronte, mardi 8 octobre, une première motion de censure, déposée par la gauche pour protester contre la "négation du résultat" des législatives, mais vouée à l'échec en l'absence de soutien du Rassemblement national (RN).

C'est le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, qui montera à la tribune, a priori autour de 16 h 30, pour défendre le texte co-signé par la quasi-intégralité de l'alliance de gauche du Nouveau Front populaire.

"Ce sera le moment de vérité. On verra qui s'oppose au gouvernement et qui ne s'oppose pas", déclare à l'AFP le premier secrétaire du PS, qui compte pointer dans son discours un "gouvernement tournant le dos au Front populaire mais surtout au Front républicain, et au vote des électeurs".

Michel Barnier lui répondra, puis viendra une longue série d'interventions des groupes politiques, avant un vote dont le résultat devrait n'être connu qu'en fin de journée.

La chorégraphie est toujours empreinte de solennité, mais elle s'est aussi banalisée depuis 2022. Il s'agira, selon le décompte de l'Assemblée nationale, de la 35e motion de censure du second quinquennat d'Emmanuel Macron.

Michel Barnier au défi d'une première motion de censure, avant celle du budget

Michel Barnier devrait y survivre sans trop de difficultés. Même si les 192 députés signataires votaient pour, avec certains indépendants de Liot, la barre des 289 voix semble inatteignable sans celles des 141 députés de l'alliance RN-Ciotti.

Car les cadres d'extrême droite, Marine Le Pen en tête, n'ont pas l'intention de renverser le gouvernement à ce stade, se satisfaisant d'avoir le couperet dans la main pour peser sur les choix de l'exécutif.

"On a choisi de ne pas verser dans le chaos, de ne pas censurer immédiatement Michel Barnier pour lui donner la possibilité de développer un projet (...) si ça ne nous convient pas on censurera", a fait valoir lundi, sur RMC, le président-délégué du groupe et député du Nord Sébastien Chenu.

Évoquant des "tartuffes de la censure", le député LFI Manuel Bompard a critiqué sur BFMTV-RMC une extrême droite qui a promis "la rupture" pendant la campagne législative devenue la "béquille de la continuité du macronisme".

"Je n'attends rien du RN, la mainmise sur le gouvernement leur est trop confortable, mais c'est aussi une occasion pour les macronistes de dire s'ils acceptent ou non cette configuration", estime de son côté le député Benjamin Lucas (Écologiste et Social).

Le budget dans le viseur

C'est l'une des questions du scrutin : des membres ou ex-membres du camp présidentiel, heurtés par la composition très à droite du gouvernement, iront-ils jusqu'à le censurer ?

Toujours inquiet de certaines pistes, comme la réduction du nombre de fonctionnaires, le député MoDem Erwan Balanant n'imagine pour autant  "personne à ce stade aller vers une motion de censure". "On ne peut pas se payer le luxe d'une crise politique", a abondé sur franceinfo Laurent Marcangeli, le chef des députés Horizons. 

Stella Dupont, qui a quitté le groupe macroniste sur fond de désaccord avec la composition du gouvernement, et notamment l'arrivée de Bruno Retailleau à l'Intérieur, ne censurera pas non plus à ce stade. Elle attend toutefois la présentation, jeudi, des budgets de l'État et de la Sécurité sociale pour 2025 qui vont "concrétiser la feuille de route" donnée par Michel Barnier dans sa déclaration de politique générale.

Michel Barnier au défi d'une première motion de censure, avant celle du budget

Le Premier ministre, lui, est bien conscient de marcher sur une corde raide : "Je sais que je suis dans la main du Parlement", a-t-il souligné dimanche.

Il viendra par ailleurs mardi matin devant les députés du groupe Ensemble pour la République (EPR, ex-Renaissance), après avoir soufflé le chaud et le froid sur le bilan de son prédécesseur à Matignon, Gabriel Attal, devenu président du groupe.

"Il a l'air de changer un peu son braquet, il reconnaît aussi que le bloc central a fait son boulot", note Ludovic Mendes (EPR), qui n'imagine pas des députés EPR censurer avant la fabrique du budget.

Une construction qui mettra l'unité du bloc central au défi, alors que les 60 milliards d'économies annoncées et leur répartition entre augmentation des impôts et baisses des dépenses ne feront jamais l'unanimité. La question de la censure "se posera assez rapidement sur le budget", juge Olivier Falorni, classé à l'aile gauche du groupe MoDem.

De manière inévitable selon le président de la Commission des Finances Éric Coquerel (LFI), qui prédit sur LCI "une opposition très largement majoritaire à l'Assemblée par rapport au budget". Si le budget est "inacceptable", a prévenu de son côté Louis Aliot (RN) sur TF1, "il y aura des discussions pour savoir la suite à donner". 

Avec AFP