
Tsahal a infligé un blâme à deux de ses officiers supérieurs accusés d'avoir donné l'ordre de bombarder un bâtiment de l'ONU en utilisant du phosphore blanc lors de l'offensive israélienne, l'an dernier, dans la bande de Gaza.
AFP - L'armée israélienne a infligé un blâme à deux officiers supérieurs à la suite de tirs d'obus, qui contenaient du phosphore, contre un bâtiment de l'ONU lors de l'offensive contre Gaza il y a un an, a indiqué lundi un porte-parole.
"Le commandement militaire a infligé un blâme aux deux officiers, qui sera inscrit dans leur dossier et risque d'être préjudiciable à leur carrière", a déclaré le porte-parole de l'armée à l'AFP.

"Ils ont été sanctionnés non parce que les armes contenaient une certaine quantité de phosphore blanc mais parce que (les obus) ont été tirés vers des zones habitées" de la bande de Gaza, contrôlée par les islamistes palestiniens du Hamas, a-t-il toutefois précisé.
La procédure a été engagée à l'encontre du commandant de la division opérant à Gaza, le général Eyal Eisenberg, et le chef d'un régiment d'infanterie, le colonel Ilan Malka, accusés "d'avoir dépassé leurs prérogatives de façon à mettre en danger des vies" civiles.
Israël a rejeté, dans un rapport officiel remis vendredi à l'ONU, les accusations de "crimes de guerre" de la commission d'enquête du juge Richard Goldstone sur la guerre à Gaza (27 décembre 2008-18 janvier 2009) qui a fait plus de 1.450 morts côté palestinien et 13 côté israélien.
Dans ce rapport, Israël indiquait aussi avoir engagé une procédure disciplinaire contre les deux officiers et reconnaissait que l'armée "avait tiré plusieurs obus d'artillerie contrairement aux règles d'engagement interdisant de tels tirs à proximité de zones habitées".
Les munitions au phosphore blanc, qui s'enflamme au contact de l'oxygène contenu dans l'air et brûle à des températures très élevées, ne sont interdites par aucun traité international.
Mais leur emploi est réglementé par le protocole III de la Convention sur les armes classiques de 1980 "sur l'interdiction ou la limitation des armes incendiaires" dans des zones peuplées, auquel Israël n'a pas souscrit.
Selon l’article 2 du protocole, il est interdit "en toutes circonstances de faire de la population civile en tant que telle, de civils isolés ou de biens de caractère civil l’objet d’une attaque au moyen d’armes incendiaires".
Le bombardement durant l'offensive a mis le feu le 15 janvier 2009 au principal entrepôt de l'agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés de Palestine (UNRWA) à Gaza, touché par des obus israéliens. Trois personnes y ont été blessées.
Après cette bavure et d'autres attaques, Israël a versé 10,5 millions de dollars de réparations à l'ONU pour les dommages subis lors de l'offensive.
Israël affirme avoir ouvert des enquêtes sur 150 incidents séparés, dont 36 font l'objet d'une enquête criminelle.
Dans son justificatif de 46 pages à l'ONU, Israël vante "l'indépendance et l'impartialité" de son système judiciaire et assure que son armée s'est conformée au droit international pendant l'opération à Gaza déclenchée pour stopper les tirs de roquettes contre Israël à partir du territoire palestinien.