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De notre envoyé spécial à Clichy-sous-Bois – Après les deux médailles en chocolat sur la piste du vélodrome, Kévin Le Cunff est arrivé revanchard pour les épreuves sur route. Sur son contre-la-montre, il a devancé son compatriote Gatien Le Rousseau pour remporter l'or dans la catégorie C4. Il tentera de doubler la mise vendredi sur la course en ligne.

"J'ai eu le temps de réviser la Marseillaise" : frustré sur piste, Kévin Le Cunff en or sur route

Kévin Le Cunff commence à se faire une raison : il est un homme des grands espaces. Le vélodrome n'était peut-être pas une discipline pour lui. Frustré lors de la première semaine des Jeux paralympiques par deux quatrièmes places sur la piste de Saint-Quentin-en-Yvelines, il a remporté mercredi la médaille d'or du contre-la-montre dans la catégorie C4 pour sa première course sur route

"Ca fait deux olympiades et quatre médailles en chocolat, ce n'est pas une discipline pour moi", lançait, fataliste, Kévin Le Cunff dimanche, avant d'ajouter : "Je suis un mec de dehors, je serai mieux dehors."

Trois jours plus tard, dans un jeu de miroir inversé, il a en effet cette fois terminé devant son coéquipier d'équipe de France, Gatien Le Rousseau, qui lui avait chipé le bronze à la poursuite individuelle.

"Je ne voulais pas repartir sans médaille"

Maudit sur la piste, avec quatre quatrièmes places en deux participations aux Jeux paralympiques, Le Cunff et ses 36 ans ont donc pris une revanche éclatante sur les routes exigeantes de Seine-Saint-Denis.

"J'étais angoissé en sortant de la piste. Je ne voulais pas repartir avec zéro médaille", confessait-il à l'arrivée, visiblement soulagé. "J'avais préparé ce chrono même si ma course favorite reste la course en ligne. Je vais pouvoir y aller plus sereinement, sans pression du résultat."

Il va enfin pouvoir entonner à plein poumons la Marseillaise lors du podium protocolaire : "J'ai eu le temps de la réviser en regardant les copains au vélodrome", plaisante-t-il.

En plus de chanter son hymne national, Kévin Le Cunff a des projets bien plus prosaïques : avec la prime liée à sa médaille, il va pouvoir refaire la toiture de sa maison ! "Et offrir une nouvelle voiture à ma femme depuis le temps qu'elle me tanne", rigole-t-il.

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Une carrière chez les valides avant le handisport

Pour son contre-la-montre, le coureur a demandé à l'équipe de France de le laisser dans sa bulle, sans informations sur le parcours ou les écarts. C'est même Gatien Le Rousseau, qui lui a appris après la ligne qu'il était champion olympique juste devant lui.

Les deux coureurs s'alignent en catégorie C4, destinée aux parasportifs atteints d'une amputation tibiale, d'une atteinte sévère d'une jambe, ou d'une atteinte légère des 4 membres et du tronc. Le Cunff a deux pieds bots et un mollet atrophié, Le Rousseau a lui une paralysie des releveurs des deux pieds.

Pourtant, ça n'a pas empêché Kevin Le Cunff de faire une carrière raisonnable chez les valides, d'abord chez les amateurs avant d'intégrer les rangs de la Saint-Michel-Auber, équipe basée à Aubervilliers, près de Clichy-sous-Bois, ce qui a donné encore meilleur gout à sa médaille.

"J'ai représenté pas mal d'années Aubervilliers. Tous les ans, il y avait un circuit qu'on faisait contre la mucoviscidose en forme de randonnée avec les fans. Et on prenait justement la bosse du circuit. Donc, c'était super", sourit-il.

Il tentera le doublé lors de l'épreuve en ligne vendredi, une épreuve sur lequel il est champion olympique en titre. De quoi s'offrir une belle nouvelle charpente en cas de nouveau succès.