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Manifestations au Kenya : la police tire des gaz lacrymogènes à Nairobi, des journalistes blessés
La police kényane a fait jeudi usage de gaz lacrymogène dans le centre ville de la capitale Nairobi, où de petits groupes de manifestants se sont rassemblés contre la politique gouvernementale du président William Ruto. Des journalistes ont été blessés.

La police s'est déployée dans les rues de Nairobi dans la matinée, jeudi 8 août, érigeant des barrages routiers sur les principales artères. De petits groupes de manifestants s'étaient rassemblés dans le quartier d'affaires, épicentre des précédents rassemblements en scandant "Nous sommes pacifiques".

La police a tiré du gaz lacrymogène à de multiples reprises, blessant plusieurs journalistes, dont deux de l'AFP. Une organisation de journalistes au Kenya a affirmé que certains policiers visaient directement les représentants des médias et a dénoncé les "attaques violentes contre des journalistes".

Selon l'Association de la presse internationale en Afrique de l'Est, au moins trois journalistes ont été visés "à bout portant" par des grenades lacrymogènes.

La police a indiqué avoir arrêté 174 "suspects" à Nairobi et dans deux régions du pays.

Mercredi soir, le chef de la police par intérim, Gilbert Masengeli, a averti que des "criminels" avaient l'intention d'infiltrer les manifestations et déclaré qu'il fallait éviter les "zones protégées", comme l'aéroport international et State House, la résidence officielle du président. Il a ajouté que "du personnel de sécurité adéquat" avait été déployé.

Le Kenya, locomotive économique d'Afrique de l'Est, est secoué depuis juin par des mobilisations menées par la "génération Z" (jeunes nés après 1997) contre le président William Ruto, arrivé au pouvoir il y a deux ans, et sa politique économique.

"Nouveau chapitre"

Les rassemblements, au départ pacifiques, ont pris un tour violent le 25 juin, lorsque des manifestants ont pénétré dans l'enceinte du Parlement. La police avait alors tiré à balles réelles.

Selon des organisations de défense des droits humains, au moins 60 personnes ont été tuées depuis juin, et des dizaines d'autres sont portées disparues.

La police a été accusée d'avoir fait un usage excessif de la force.

Manifestations au Kenya : la police tire des gaz lacrymogènes à Nairobi, des journalistes blessés

Pour répondre à la pire crise depuis son arrivée au pouvoir, William Ruto a pris une série de mesures. Il a notamment retiré le projet de budget controversé qui prévoyait de nombreuses nouvelles taxes, et a limogé la quasi-totalité de son gouvernement.

Le chef de l'État a fait entrer quatre membres de l'opposition mais a ensuite reconduit plusieurs poids lourds de son gouvernement. Une décision qui lui a valu de nombreuses critiques.

"Nous sommes au début d’un nouveau chapitre de la gouvernance et du développement de notre pays", a déclaré William Ruto lors de la prestation de serment de son nouveau gouvernement.

Le président kenyan est pris en étau entre des bailleurs internationaux qui le pressent de trouver des recettes pour rembourser une dette nationale culminant à 78 milliards de dollars, et la population dont un tiers vit sous le seuil de pauvreté.

Dans un rapport publié le 8 août, l'ONG Reporters sans frontières (RSF) a affirmé que des "actes de violences" ont été commis "dans la plus totale impunité" par des policiers contre des journalistes kényans lors des précédentes manifestations.

Avec AFP