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À six semaines des régionales, la patronne du Parti socialiste, Martine Aubry, a demandé au maire de Montpellier de conduire au Languedoc-Roussillon une liste alternative contre Georges Frêche, auteur, ce jeudi, d'un énième dérapage verbal.

AFP - Mis à mal, à six semaines des régionales, par un nouveau dérapage verbal de Georges Frêche parlant de la "tronche pas catholique" de Laurent Fabius, le PS a fini par lâcher le président de Languedoc-Roussillon pour proposer une liste alternative gauche-Verts.

Après s'être "indignée" mercredi soir de cette "insulte aux valeurs de la gauche", la patronne du PS, Martine Aubry, a tapé jeudi du poing sur la table: "je proposerai au Bureau national (direction) du 2 février de demander à Hélène Mandroux", maire PS de Montpellier, "de conduire une liste de rassemblement de la gauche et des écologistes en Languedoc-Roussillon".

Fort de ses 29% devant l'UMP dans les sondages, M. Frêche, 71 ans, avait déjà lancé sa campagne, lorsqu'une petite phrase rapportée par L'Express a fait l'effet d'une bombe: "Voter pour ce mec en Haute-Normandie me poserait un problème, il a une tronche pas catholique", dit-il à l'adresse de l'ex-Premier ministre d'origine juive.

Pour M. Frêche: son propos est "déformé à dessein", il est victime d'une "chasse à l'homme". Il a employé une "expression populaire utilisée par tous les Français depuis des siècles" sur Laurent Fabius.

En décembre dernier, le député de Seine-Maritime affirmait ne pas être "sûr" de voter pour lui, s'il était électeur dans sa région.

Le PS avait déjà exclu M. Frêche en 2007 pour dérapages verbaux. Mais il avait fini par le soutenir pour les régionales après un vote massif des militants PS de la région le 3 décembre en sa faveur, et malgré un profond malaise dans le parti.

La petite phrase de M. Frêche a fait déborder le vase. Mme Aubry rompt avec cette situation ambiguë et appelle "tous les socialistes et sympathisants de gauche, tous les écologistes en Languedoc-Roussillon" à construire une liste alternative derrière Mme Mandroux.

Opposante à Frêche, Mme Mandroux est "une femme de convictions et d’engagement, appréciée de ses concitoyens et qui a montré ses compétences" à la tête de sa mairie, fait-elle valoir.

La décision de Mme Aubry répond aux voeux de nombre de ténors socialistes qui, depuis jeudi matin, réclament à cor et à cris une liste alternative, et dénoncent des propos qui font "honte à la gauche" (Manuel Valls), "un propos antisémite condamnable" (Arnaud Montebourg), des propos à vomir (Aurélie Filippetti), "une ignominie" (Harlem Désir), "nauséabonds" (Claude Bartolone).

SOS racisme, la Licra et le conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) ont dénoncé violemment les déclarations de M. Frêche.

La partie n'est pas aisée pour le PS, une précédente tentative de liste alternative ayant avorté. En outre, compte tenu de la popularité de M. Frêche, le risque est grand pour le PS de perdre la région. Mais, dit Valls, "le risque de perdre une région ne pèse rien par rapport au risque de perdre l'essentiel, nos valeurs".

Les Verts accepteront-ils une liste commune conduite par les socialistes? Leur leader Cécile Duflot s'est dite jeudi disposée à "travailler" avec le PS "pour faire émerger une alternative démocratique", à condition qu'elle reste dirigée par le Vert Jean-Louis Roumégas.

Autre défi: rallier les socialistes des cinq fédérations de la Région, dont l'Hérault, puissant bastion PS, qui avaient soutenu le président Frêche.

Alors qu'il reste 15 jours pour élaborer une nouvelle liste avant la date limite (15 février), Pascale Boistard, secrétaire nationale aux adhésions avertit: si les socialistes qui figurent sur la liste Frêche "ne désertent pas cette liste, ils seront exclus".