À la une de la presse, ce lundi 8 juillet, les réactions, en France et à l’étranger, aux résultats des législatives anticipées. Le Nouveau Front populaire arrive en tête, suivi par le camp présidentiel puis le Rassemblement national.
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À la une de la presse française, les réactions au second tour des législatives, le Nouveau Front populaire arrive en tête, suivi par le camp présidentiel puis le Rassemblement national.
"Et à la fin, c'est la gauche qui gagne" : joie et soulagement de La Dépêche du Midi, journal local de centre-gauche, satisfait de ces résultats "qui ont déjoué tous les pronostics". Pour le journal communiste L'Humanité, la vague rouge du Nouveau Front populaire fait "renaître l’espoir".
"C’est ouf", comme "fou", comme "ouf" de soulagement, également, pour Libération, qui parle d'une "énorme surprise", d'un "incroyable scénario", d'une "divine surprise" - tout finit par arriver. Libé, qui appelle la gauche à "être à la hauteur" de la "maturité des électeurs", en assumant "ses valeurs" et "son programme", mais aussi "en évitant de se croire trop belle, trop forte", et "en se détournant aussi d’un sectarisme qui la rendrait aveugle sur les conditions de sa victoire ce 7 juillet".
"Être à la hauteur, écrit le journal, interdit (à la gauche) d’oublier que l'extrême droite est plus puissante que jamais dans notre pays". Plus puissante mais défaite, pour cette fois. La Croix, le journal chrétien, salue le "sursaut républicain" qui vient de se produire et qui "témoigne, selon lui, d’une France généreuse, qui ne cède pas à l’appel de la peur".
Malgré l’arrivée en tête de la gauche, aucune formation ne décroche de majorité absolue. "Et maintenant on fait quoi ?": Le Parisien/Aujourd’hui en France prévient qu’il va falloir encore "patienter" et que la situation, loin de la «clarification» promise par Emmanuel Macron, "est plus nébuleuse et confuse encore à l’issue de ces élections". Le journal local Paris Normandie pose LA question désormais dans tous les esprits : la France est-elle devenue "ingouvernable ?"
Pour le savoir, il va falloir attendre, donc, mais dans l’immédiat, ces élections débouchent sur une assemblée "illisible", d'après L'Opinion, qui accuse Emmanuel Macron, "cet apprenti sorcier qui se croyait magicien", d’être le principal responsable de cette situation. "France de droite, cap à gauche" : pour Le Figaro, Emmanuel Macron a fabriqué un "hiatus démocratique", où "mijotent déjà la colère des électeurs RN qui ont le sentiment qu'on leur a volé leur élection mais aussi la frustration (des) Français du centre et de la droite hostiles à Marine Le Pen et qui ne se sentent pas socialistes pour autant".
"La gauche l’emporte, le RN désavoué" : le journal algérien El Watan cite l’appel de Jean-Luc Mélenchon, le patron de LFI à Emmanuel Macron, lui demandant de désigner le Nouveau front populaire "pour gouverner". "La France relève le front !", le front républicain "que l’on croyait fragilisé a tenu bon", relève le journal libanais L'Orient Le Jour – en évoquant la nécessité pour les partis de former une "coalition" - une "gageure dans un pays qui compte autant de fromages".
"La victoire du front républicain", est également saluée par Le Soir. Pour le quotidien belge, les résultats de ces élections s’expliquent principalement par "l’efficacité quasi inespérée du front républicain lancé par la gauche et suivi, parfois timidement, par le camp macroniste". En Italie, le journal de centre gauche La Repubblica évoque carrément "la révolution française", tandis que le quotidien espagnol El Pais, qui fait part du "soulagement" des Européens face à "la défaite l’extrême droite", annonce que "la France a dit non aux ultras et récompensé l’unité des démocrates". Le journal estime que le pays vient de donner "une leçon à l’Europe, à une époque où la droite modérée a souvent préféré rejoindre des partis ultranationalistes et xénophobes". Pour le journal, la France "montre la voie" à suivre.
La France montre la voie, mais vers où, vers quoi ? C’est précisément la question posée par Der Tagesspiegel, le quotidien berlinois, qui voit la France s’engager "sur le chemin de l’inconnu". Pour Libero, journal de droite italien, la messe est dite : "Ma che bordel", en accusant Emmanuel Macron d’avoir "jeté la France dans le chaos".
En Allemagne, Die Zeit note que la gauche française "s'est unie contre Le Pen", mais se demande sur quel projet précisément celle-ci va pouvoir "se rassembler" pour gouverner. Le journal annonce "des semaines difficiles", notamment lorsqu'il va s’agir de se mettre d’accord "sur le choix d'un chef de gouvernement». Dans la même veine, en Allemagne, toujours, le Frankfurter Allgemeine Zeitung prévient que "la crise n’est pas terminée, bien au contraire", et que la France "risque d’être dirigée, dans un avenir proche, par des coalitions fragiles, dépendantes des franges extrêmes, et qui pourraient être renversées à tout moment". Le magazine britannique The Economist relève que "la France, contrairement à l’Allemagne, à l’Italie et à de nombreux autres pays européens, n’a aucune expérience en matière de compromis nécessaires à la formation d’une coalition gouvernementale".
La presse étrangère met aussi en garde le futur gouvernement contre l’oubli du "rejet" et de la "colère" exprimés par les électeurs du RN. El Pais demande au futur exécutif de ne pas oublier ce "mécontentement", lié, selon lui, principalement, à "la perte de pouvoir d’achat" et à une "insécurité croissante qui alimente la peur". À l’image d’une partie de la presse française, Le Soir estime que "si les forces démocratiques qui ont sauvé l’essentiel en s’unissant oublient le rejet et la colère exprimés par les électeurs du RN et n’arrivent pas à dépasser leurs discours clivants et leurs calculs à court terme, le 'front républicain' ne sera qu’un pansement provisoire". Sursaut ou sursis ? Pour Haaretz, une victoire du RN reste possible "demain", en 2027. "Ces élections ont freiné le Rassemblement national, mais pour combien de temps ?", s’interroge le quotidien de gauche israélien.
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