Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a annoncé mercredi la tenue d'élections législatives le 4 juillet, mettant fin à des mois de suspense quant à la date de ce scrutin pour lequel l'opposition travailliste part largement favorite.
Alors que le scrutin était initialement attendu à l'automne, il aura finalement lieu cet été. Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a annoncé mercredi 22 mai la tenue de législatives au Royaume-Uni le 4 juillet prochain, mettant fin par cette déclaration à des mois de suspense quant à la date de ces élections pour lesquelles l'opposition travailliste est donnée largement favorite.
"Plus tôt dans la journée (mercredi), je me suis entretenu avec Sa Majesté le roi pour demander la dissolution du Parlement. Le roi a accédé à cette demande et des élections législatives se tiendront le 4 juillet", a déclaré le dirigeant conservateur de 44 ans, s'exprimant sous la pluie depuis le perron du 10, Downing Street.
Rishi Sunak se bornait jusqu'à présent à évoquer des élections "au second semestre". Mais face aux sondages calamiteux pour les "Tories", la pression se faisait de plus en plus forte sur le chef du gouvernement pour appeler les électeurs aux urnes, ou au moins pour clarifier ses intentions alors que le scrutin peut se tenir en théorie jusqu'en janvier 2025.
Une série de bonnes nouvelles sur le plan économique – retour de la croissance et coup de frein à l'inflation – auraient fini par le convaincre de se lancer.
Le Parti travailliste donné grand favori des sondages
Après 14 ans de pouvoir conservateur marqués par le référendum du Brexit puis la succession de cinq Premiers ministres en huit ans, les Britanniques semblent décidés à tourner la page et à envoyer le travailliste Keir Starmer, ancien avocat de 61 ans, au 10, Downing Street.
Les sondages donnent le Labour, positionné au centre gauche, autour de 45 % des intentions de vote, loin devant les conservateurs, relégués entre 20 et 25 %, et le parti anti-immigration et anti-politiques climatiques Reform UK (12 %).
Avec un mode de scrutin à la majorité simple à un tour dans les 650 circonscriptions du Royaume-Uni, de tels résultats se traduiraient par une large majorité pour les travaillistes.
Pour les Tories, que Boris Johnson avaient menés à une victoire historique en 2019, les pronostics sont cataclysmiques.
Plus de 60 députés conservateurs sur 344 ont déjà renoncé à se représenter, y compris des poids-lourds du parti. Même en Écosse, les indépendantistes – tout puissants ces dernières années – sont désormais distancés dans les sondages par le Labour.
Succession de crises chez les Tories
Choisi par les députés de son parti en octobre 2022, Rishi Sunak était censé incarner avec son passé de banquier d'affaires et de ministre des Finances travailleur le retour du sérieux après les scandales de l'ère Boris Johnson et la quasi crise financière provoquée par les 49 jours de Liz Truss au pouvoir.
Mais son mandat a tourné au chemin de croix, les Britanniques semblant épuisés par la baisse du pouvoir d'achat des deux dernières années, le déclin des services publics – surtout du système de santé, à bout de souffle –, la hausse des taux d'intérêt ou encore la crise du logement. Sans parler des déchirements dans la majorité, où les luttes internes s'affichaient ouvertement.
Rishi Sunak s'est montré incapable de redresser la barre malgré ses tentatives répétées de se relancer, d'afficher son autorité ou de séduire sa base avec des projets comme celui visant à envoyer les demandeurs d'asile au Rwanda.
Mi-mai, il a tenté de se poser en gardien de la sécurité dans un discours très électoral, se disant "convaincu que les prochaines années seront parmi les plus dangereuses", sans convaincre.
Recentrage politique du Labour
De son côté, Keir Starmer, élu à la tête de son parti en 2020 à la suite du très à gauche Jeremy Corbyn, a méthodiquement recentré le Labour. Il s'est attelé à se construire une image de dirigeant compétent et sérieux, prudent sur le plan économique et financier, et ferme sur les questions sécuritaires et migratoires.
Cette stratégie semble avoir payé : un sondage YouGov montre Rishi Sunak au plus bas avec 71 % d'opinions défavorables et des électeurs qui le considèrent comme incompétent, faible, indécis.
Keir Starmer, avec 51 % d'opinions défavorables, est l'homme politique le moins impopulaire du Royaume-Uni, le Labour est considéré par les sondés comme étant mieux placé que les Tories pour gérer tous les sujets sauf la Défense, y compris la fiscalité, l'immigration ou la sécurité qui sont traditionnellement les domaines de prédilection des conservateurs.
"Mettez fin au chaos avec le Labour", a résumé Keir Starmer, lançant mi-mai ses priorités pour les élections.
Avec AFP