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Contre-manifestation du parti au pouvoir en Géorgie pour défendre la loi sur "l'influence étrangère"
Des milliers de personnes ont participé, lundi, à un rassemblement à Tbilissi organisé par le parti du Rêve géorgien pour défendre le projet de loi sur "l'influence étrangère". Cette mobilisation intervient au lendemain d'une massive manifestation contre ce texte, jugé liberticide par l'opposition.

La Géorgie est tiraillée entre ses aspirations européennes et les influences russes. Le parti au pouvoir, Rêve géorgien, a organisé, lundi 29 avril, un rassemblement pour afficher son soutien au projet de loi sur "l'influence étrangère", jugé liberticide et dénoncé lors de manifestations massives auxquelles ont participé des milliers de Géorgiens, la veille. 

Examiné lundi au Parlement, le texte prévoit de contraindre toute ONG ou tout média recevant plus de 20 % de son financement de l'étranger à s'enregistrer administrativement en qualité d'"organisation défendant les intérêts d'une puissance étrangère".

Lundi soir, des milliers de personnes ont rejoint un rassemblement organisé devant le Parlement par le parti du Rêve géorgien, mais il est apparu que de nombreux manifestants, dont des fonctionnaires, avaient été transportés sur place afin d'y participer.

Des chaînes de télévision ont ainsi diffusé les images de nombreux manifestants descendant de bus affrétés par le parti au pouvoir.

Un manifestant, qui a demandé à rester anonyme, a affirmé : "le maire de mon village m'a dit que je perdrais mon travail si je n'allais pas manifester à Tbilissi."

La présidente du pays, Salomé Zourabichvili, en conflit ouvert avec le Rêve géorgien, a posté sur le X : "Aujourd'hui, une action de type poutinien : des fonctionnaires conduits en bus à Tbilissi pour applaudir les décisions du parti au pouvoir."

Yesterday, Day 15 of massive spontaneous protests against “Russian law” and for Georgia’s European future. Today, a “Putintype ” action: civil servants “bused” to Tbilisi to applaud ruling party’s decisions.
Real Georgia is free Georgia! European Georgia! pic.twitter.com/NGUqZ9mEqu

— Salome Zourabichvili (@Zourabichvili_S) April 29, 2024

Mamuka Tsiskaridze, employé de station-service de 56 ans, a lui assuré être "un soldat du Rêve géorgien". "C'est la raison de ma présence ici. Je défends nos valeurs traditionnelles, notre foi chrétienne."

Le parti au pouvoir avait auparavant "exhorté les patriotes de tout le pays à se rassembler et à dire non aux révolutions financées par l'argent sale, aux attaques contre l'Église (...) à la propagande LGBT+, à la propagande de la drogue, au discrédit des institutions de l'État, au radicalisme et à la polarisation".

Le milliardaire Bidzina Ivanichvili, président du Rêve géorgien et considéré comme l'homme fort de la Géorgie, qui apparaît rarement en public, s'est brièvement adressé aux manifestants. Il a assuré que le projet de loi visait essentiellement à renforcer la transparence du financement des organisations, estimant que "le financement non-transparent des ONG est le principal instrument pour la nomination d'un gouvernement géorgien par des puissances étrangères".

Le projet de loi examiné en deuxième lecture

Depuis la mi-avril, des milliers de manifestants descendent dans les rues pour protester contre ce projet de loi sur "l'influence étrangère", comparé par ses détracteurs à une loi russe répressive sur "les agents de l'étranger" utilisée pour réduire au silence les dissidents et étrangler la société civile.

Dimanche, quelque 20 000 personnes ont participé à Tbilissi à une "marche pour l'Europe" pour réclamer le retrait du projet de loi.

Le texte doit être examiné en deuxième lecture mardi au parlement. Une première tentative de faire passer ce texte a échoué il y a un an après des manifestations de masse durant lesquelles la police a fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau.

Le président du Conseil européen Charles Michel a estimé que le projet de loi n'était pas compatible avec le souhait de la Géorgie de devenir membre de l'Union européenne (UE).

En décembre, l'UE a accordé à la Géorgie le statut de candidat officiel à l'adhésion à l'Union, tout en prévenant que Tbilissi devait réformer son système judiciaire et son système électoral, réduire la polarisation de la vie politique, renforcer la liberté de la presse et limiter la puissance des oligarques, avant que les négociations d'adhésion ne puissent formellement commencer.

Avec AFP