Des milliers de sympathisants du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) ont imploré, samedi 27 avril, le Premier ministre Pedro Sanchez, qui dit réfléchir à une démission après l'ouverture d'une enquête contre son épouse, de ne pas quitter son poste.
Au pouvoir depuis 2018, le chef du gouvernement, âgé de 52 ans, a pris l'Espagne de court mercredi en mettant sa démission dans la balance après l'annonce par un tribunal madrilène de l'ouverture de cette enquête pour trafic d'influence et corruption, à la suite de la plainte d'une association proche de l'extrême droite.
Jeudi, le parquet a demandé le classement de l'enquête mais le juge chargé du dossier n'a pas encore dévoilé ses intentions.
En attendant, quelque 12 500 personnes, selon la préfecture de Madrid, se sont rassemblées à la mi-journée, pour exprimer leur soutien, devant le siège du PSOE où était réunie la direction de la formation.
"Pedro, président", "Pedro, n'abandonne pas", "L'Espagne a besoin de toi", ont-ils notamment écrit sur des pancartes.
"J'espère que Sanchez va dire lundi qu'il reste", a déclaré à l'AFP Sara Domínguez, une consultante trentenaire qui trouve que son gouvernement "a pris de très bonnes mesures pour les femmes, les personnes LGBT+, les minorités".
S'il s'en va et que des élections anticipées sont convoquées, le risque existe que "l'extrême droite gouverne", dans le cadre d'une alliance avec la droite conservatrice, et que "cela nous fasse reculer en matière de droits et de libertés", a estimé pour sa part José María Díez, un fonctionnaire âgé de 44 ans venu de Valladolid, dans le nord du pays.
Pedro Sanchez assure que l'enquête ouverte contre son épouse est la dernière illustration d'une campagne de déstabilisation orchestrée par "une coalition d'intérêts de droite et d'extrême droite" qui "n'acceptent pas le verdict des urnes".
Arrivé deuxième des législatives du 23 juillet derrière son rival conservateur Alberto Núñez Feijóo (Parti Populaire, PP), le socialiste est parvenu à être reconduit en novembre pour un nouveau mandat de quatre ans grâce au soutien de la gauche radicale et des partis régionalistes basques et catalans.
"L'Espagne ne peut pas reculer"
Réunis à l'intérieur du siège du parti, les dirigeants de la formation sont venus saluer la foule et ont eux aussi appelé le Premier ministre à ne pas démissionner. Les ministres les plus proches de Pedro Sanchez assurent que ce dernier ne les a pas consultés avant de mettre sa démission dans la balance.
"Président, reste. Pedro, reste, nous sommes avec toi, nous devons avancer, nous devons continuer à faire avancer ce pays, l'Espagne ne peut pas reculer", a déclaré la numéro deux du gouvernement, la ministre du Budget, María Jesús Montero.
L'enquête contre l'épouse de Pedro Sanchez, Begoña Gómez, porte en particulier, selon le média en ligne El Confidencial, sur les liens qu'elle a noués avec le groupe Globalia, parrain de la fondation dans laquelle elle travaillait, au moment où Air Europa, compagnie aérienne appartenant à Globalia, négociait avec le gouvernement Sanchez l'obtention d'aides publiques.
"Tactique électoraliste"
Personne en Espagne ne se hasarde à prédire la décision que pourrait prendre le Premier ministre.
S'il décide de rester à son poste, il pourrait choisir de se soumettre à une question de confiance afin de montrer à l'opposition qu'il bénéficie du soutien d'une majorité des députés.
S'il démissionne, des élections législatives anticipées pourraient être convoquées cet été, avec ou sans lui à la tête du PSOE.
L'opposition de droite est persuadée que le socialiste ne démissionnera pas et dénonce une "victimisation" et un "spectacle".
L'annonce du Premier ministre est "tactique et électoraliste", a affirmé samedi la secrétaire générale du PP, Cuca Gamarra, qui estime que Pedro Sanchez pense "obtenir, en se victimisant, un soutien dont il ne bénéficie pas aujourd'hui".
Avec AFP