En Équateur, quelque 13,6 millions d'électeurs ont commencé à voter dimanche pour se prononcer sur 11 réformes proposées par le président Daniel Noboa, visant notamment à freiner l'emprise du narcotrafic et des gangs.
En plus de la violence criminelle, deux crises, l'une énergétique, l'autre diplomatique, frappent l'Équateur qui se prononce, dimanche 21 avril, par référendum sur plusieurs mesures du gouvernement contre le narcotrafic et les gangs.
Les opérations de vote ont débuté dimanche à 7 heures locales à Quito. Quelque 13,6 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour répondre par oui ou par non à onze questions posées par le président Daniel Noboa.
"Le résultat de cette consultation définira la direction et la politique d'État que nous prendrons pour relever le défi de la lutte contre la violence, le crime organisé, la lutte contre la corruption et pour la création d'emplois", a déclaré le président Noboa lors de l'ouverture du scrutin, prévu pour se terminer à 17 heures locales.
Assassinats politiques
Parmi les principales propositions figurent l'extradition des ressortissants équatoriens liés au crime organisé, notamment vers les États-Unis.
L'Équateur, gangréné par le narcotrafic et la corruption, devenu la principale plateforme de l'exportation de cocaïne produite en Colombie et au Pérou voisins, fait face depuis mi-janvier à une grave crise sécuritaire provoquée par les gangs.
Le président Daniel Noboa, élu en novembre pour 18 mois, a déclaré le pays en "conflit armé interne" et a déployé l'armée pour neutraliser une vingtaine de ces groupes.
Depuis, au moins une douzaine d'hommes politiques, responsables locaux, ou encore des procureurs ont été assassinés. Vendredi, le maire d'une localité minière du sud du pays a été tué par balle, deuxième assassinat d'un édile en trois jours, et cinquième en un an.
En août 2023, peu avant le premier tour de la présidentielle, le principal candidat de l'opposition, Fernando Villavicencio, avait été abattu à la sortie d'un meeting.
Condamnations internationales
À ces tensions s'ajoute la tempête diplomatique provoquée par l'assaut policier début avril sur l'ambassade du Mexique à Quito, pour capturer Jorge Glas, l'ancien vice-président de Rafael Correa, qui fait l'objet d'une enquête pour corruption.
"Nous subissons des attaques qui sont le résultat de notre lutte déterminée contre le crime organisé", a accusé le secrétaire d'État à la communication, Roberto Izurieta.
Le président Noboa affirme de son côté qu'il n'a "aucun regret" concernant ce raid, qui a coûté au pays un procès toujours en cours devant la Cour internationale de justice (CIJ), et une condamnation internationale.
Malgré cette image écornée, "les gens approuvent" les décisions prises par Daniel Noboa "en matière de sécurité", commente à l'AFP le politologue Santiago Basabe, de la Faculté latino-américaine des sciences sociales (Flacso).
Grave crise énergétique
Au niveau national, l'urgence du moment est énergétique, depuis une semaine, avec de sévères rationnements d'électricité (jusqu'à 13 heures par jour à Quito) et une revue en urgence des installations hydroélectriques.
Conséquence de la sécheresse, du phénomène el Niño, mais aussi d'une mauvaise gestion administrative, de l'aveu même des autorités, cette pénurie d'électricité serait aussi le fait de "sabotages" liés à ses ennemis politiques, selon le président Noboa.
Un décret présidentiel vendredi a ordonné la mobilisation de la police et de l'armée "pour garantir la sécurité des infrastructures énergétiques cruciales afin de prévenir le sabotage, les attaques terroristes ou d'autres menaces susceptibles d'affecter leur fonctionnement".
Les Équatoriens se prononceront également sur la participation de l'armée au contrôle des armes, sur l'alourdissement des peines pour les délits liés au crime organisé et sur la possibilité pour les forces de sécurité d'utiliser des armes saisies.
Daniel Noboa, qui devrait briguer un nouveau mandat en 2025, a également proposé la formalisation d'un travail payé à l'heure.
Sur les onze questions, qui font l'objet d'un vote individuel, six visent des réformes juridiques et cinq des amendements constitutionnels.
Pour le politologue Basabe, le référendum n'apportera pas de changements substantiels. Il s'agit de questions auxquelles "il est difficile de dire non", qui sont surtout "un moyen de légitimer le gouvernement en place".
Selon lui, le gouvernement a "l'espoir de pouvoir gagner le référendum", deux sondages réalisés ces derniers jours confirmant cette tendance. Pour Daniel Noboa, "dimanche le Oui gagnera".
Avec AFP