Quelques jours après l'attaque sans précédent de drones et de missiles menée par l'Iran contre Israël, France 24 s'est entretenue avec l'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak. L'attaque iranienne a été largement repoussée et constitue de ce fait un "échec total", a-t-il déclaré. Par conséquent, il estime qu'"il n'y a ni besoin ni volonté d'entrer dans une guerre totale" avec l'Iran. "Israël répondra très certainement sur le sol iranien", mais d'une manière qui sera "calibrée afin d'éviter une escalade du conflit", a précisé l'ancien Premier ministre.
Premier ministre de 1999 à 2001, Ehud Barak a également été ministre de la Défense et chef d'état-major de l'armée israélienne. S'adressant à France 24 depuis Tel Aviv, il a vivement critiqué les dirigeants israéliens actuels pour leur stratégie vis-à-vis de l'Iran et de Gaza.
L'Iran a déclaré que l'attaque de samedi soir était une réponse au tir de missile israélien présumé sur le consulat d'Iran à Damas le 1er avril, au cours duquel sept gardiens de la révolution ont été tués, dont Mohammad Reza Zahedi, un haut commandant de la force d'élite Al-Qods.
Les autorités et les services de renseignement israéliens "ont sous-estimé ce que pourrait être la réponse iranienne à une telle attaque contre une personne aussi haut placée", a déclaré l'ancien ministre.
Les otages risquent de "revenir dans des cercueils"
Pour Ehud Barak, la question la plus urgente est le sort des otages retenus à Gaza depuis leur enlèvement le 7 octobre. Aujourd'hui, selon lui, près de la moitié des otages ne sont peut-être plus en vie. "Si nous attendons encore six mois", la plupart d'entre eux, sinon tous, "reviendront dans des cercueils", a-t-il averti.
"Les négociations doivent être menées de façon beaucoup plus déterminées" pour "trouver une solution à cette crise des otages", a insisté l'ancien premier ministre.
Sur le terrain, à Gaza, l'ancien chef d'état-major estime que l'armée israélienne a remporté "de belles victoires". "Mais les dirigeants politiques [israéliens] n'ont pris aucune décision stratégique dès le début", a-t-il déclaré, dénonçant ce qu'il considère comme "impasse stratégique".