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Avec Sanseverino, Europe Écologie rajoute du "people" en Île-de-France

Le chanteur Sanseverino rejoint Europe Écologie pour les élections régionales en Île-de-France, où il figure en 39e position sur la liste de la formation politique. Un choix critiqué et perçu par certains comme un signe de "boboïsation".

Augustin Legrand, porte-parole de l’association des sans-domicile fixe les Enfants de Don Quichotte, Stéphane Hessel, co-redacteur de la Declaration universelle des droits de l’Homme de 1948, et maintenant le chanteur Sanseverino : la liste parisienne d’Europe Écologie pour les régionales joue à fond la carte de la société civile. Au risque de prêter le flanc aux attaques sur la tonalité très "bobo " de ces choix.

Mercredi, Cécile Duflot, chef de file d’Europe Écologie, a officialisé l’engagement politique de la dernière recrue en date du parti, le chanteur Sanseverino. "Il donnera une coloration très intéressante à la liste", a-t-elle expliqué au Grand Palais pour la présentation de l'équipe de campagne de la capitale. La star, qui n’était pas présente lors de ce raout, se retrouve en 39e position de la liste et n’a donc aucune chance de devenir élu régional.

Sanseverino est la note finale et "people" d'un attelage hétéroclite où se côtoient plusieurs personnalités qui ne sont pas issues du monde politique. La première verte "pur-jus" Laure Lechatellier n’est qu’en 4e position - derrière Augustin Legrand et Emmanuelle Cosse, ex-présidente de l’association de lutte contre le Sida, Act-Up. Quant à Stéphane Hessel, aujourd’hui âgé de 92 ans, il figure pour la première fois sur une liste politique.

Bling-bling ou bobo ?

C’est d’ailleurs Augustin Legrand, le porte-parole des Enfants de Don Quichotte, qui semble avoir pris en main la communication pour la machine verte en Île-de-France. Dans un entretien au Journal du dimanche, il affirme sans ambages vouloir qu’Europe Ecologie soit "la première force de gauche à Paris", avec un score équivalent à celui obtenu lors des européennes (20,86 % en Île-de-France et 27,46 % à Paris).

Pour atteindre cet objectif, le parti de Cécile Duflot veut donc ratisser large, bien au-delà des écolos de cœur. Mais le pari de mettre en avant des personnalités de la société civile n’est pas pour plaire à tout le monde. C’est surtout l’arrivée de Sanseverino qui est pointée du doigt. Serait-il la dérive bling-bling des écolos ? Augustin Legrand réfute la critique dans le JDD : "Il a une grande écoute des jeunes et je peux vous assurer qu’il porte nos convictions en matière d’écologie."

" Plutôt du bon sens"

L’homme parle peu de son engagement en public, mais ses rares sorties sur la question confirme une sensibilité de gauche, tendance écolo. En 2008, Senseverino avait déjà fait un gros bout de chemin vers les Verts en président le comité de soutien de Dominique Voynet pour les municipales à Montreuil. Il a reconnu, lors d’un entretien accordé à France Soir en novembre dernier, ne pas avoir voté pour Nicolas Sarkozy en 2007. Mais dans ses chansons, il préfère éviter les questions politiques. "Je n’ai pas l’impression d’être engagé", expliquait-il en 2006 sur RFI Musique, du moins, "c’est difficile sur un album entier". De temps à autre, une petite note politique ressort, comme dans "Le swing du président" (tiré de l’album "Exactement", 2006), il plaidait pour un arrêt du nucléaire : "Ca ne me parait pas être engagé, ça me semble plutôt du bon sens."

Malgré ce passé légèrement teinté de rose et de vert, les premiers commentaires sur Internet ne sont pas tendres avec le chanteur. Au palmarès des qualificatifs, c’est "bobo" qui revient le plus souvent. "Manoeuvre ridicule, grotesque et pour tout dire, profondément agaçante", regrette l_ynce sur Libération.fr. "En quoi cela diffère-t-il des pratiques de Sarko ? Plus bobo tu meurs... ", s’emporte sur le même fil de discussion mozz. Sur le populaire site LePost.fr, la tonalité est encore plus violente : "Quel cinéma ! Se présenter à une élection sans possibilité d'être élu, c'est un camouflet à la démocratie", se désole Gascoq.