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Simon Harris, seul candidat logiquement désigné leader du parti Fine Gael, s'apprête à devenir le plus jeune Premier ministre irlandais, à 37 ans, le 9 avril prochain. Fort de sa maîtrise des réseaux sociaux, cet actuel ministre de l'Enseignement supérieur entend insuffler une nouvelle dynamique à son parti avant une série d'élections à venir.

Simon Harris est prêt à relever le défi de succéder à Leo Varadkar à la tête du parti Fine Gael et du gouvernement. Jusqu'à présent ministre de l’Enseignement supérieur, le trentenaire s'apprête à être nommé Premier ministre par le Parlement irlandais le 9 avril. 

À 37 ans, Simon Harris deviendra le Premier ministre le plus jeune de l’histoire de l’Irlande, devançant de peu le précédent record établi par Leo Varadkar, désigné Taoiseach – prononcé "tee-shock" (chef du gouvernement) – à l'âge de 38 ans en 2017. Ce dernier, à la surprise générale, avait annoncé sa démission le 20 mars de la tête du parti de centre-droit Fine Gael et de son poste de Premier ministre, estimant ne plus être la "meilleure personne" pour occuper ces fonctions, à quelques semaines des élections européennes.

Simon Harris, pressenti par ses pairs et par les analystes politiques comme un futur Premier ministre depuis longtemps, est connu pour son "incroyable travail, son incroyable sens des relations humaines" et pour être "l'une des personnes les plus accessibles de la politique irlandaise", a déclaré Ivan Yates, un ancien ministre du Fine Gael, relate le Financial Times.  

Surnommé dans les médias "TikTok Taoiseach" en raison de son utilisation intensive des réseaux sociaux, Simon Harris a promis d'insuffler "énergie et enthousiasme". Originaire de la ville côtière de Greystones, près de Dublin, il a également exprimé son désir d'apporter son "expérience concrète de la vie". 

Un engagement politique précoce

Fils d'un chauffeur de taxi et d'une assistante scolaire, Simon Harris s'est intéressé très jeune à la vie publique. Lorsqu’il n’a que 16 ans, le jeune homme entre dans la branche jeunesse du Fine Gael. L'impuissance de ses parents à trouver une structure pour son jeune frère Adam, atteint du syndrome d’Asperger, pousse l’adolescent à fonder une association d'aide aux familles. Dès ses 18 ans, il commence à travailler comme assistant parlementaire à Leinster House, siège du Parlement à Dublin. Un an plus tard, il abandonne ses études de journalisme et de français à l'université pour se consacrer à la politique.

Irlande : Simon Harris, l'ascension fulgurante d'un futur Premier ministre à l'ère de TikTok

Il gravit rapidement les échelons : élu local à 22 ans, il devient député à 24 ans. Il obtient immédiatement un siège au sein de la commission parlementaire la plus puissante, celle des comptes publics. En 2014, à seulement 27 ans, il entre au gouvernement comme secrétaire d'État aux Finances. Lorsque le Fine Gael subit d’importantes pertes électorales en 2016, il est propulsé ministre de la Santé, un poste qu'il occupera quatre ans. Il devient une figure de proue du référendum historique sur l’avortement de 2018, plaidant en faveur du oui. 

Lors de la pandémie de Covid-19, il est loué pour son talent en communication mais critiqué pour le nombre de décès dans les maisons de retraite et pour ses gaffes occasionnelles. Ignorant que le nom "Covid-19" correspond à l'année de son apparition, il affirme : "Il existe 18 autres coronavirus et je ne pense pas que l'on ait réussi à trouver un vaccin pour aucun d'entre eux". Le lendemain, dans une vidéo partagée sur X, le ministre admet son erreur, se moquant gentiment de lui-même en avouant être parfois un "terrible vieil idiot", comme rapporté par le Irish Times

"Leo 2.0" et ses 100 000 abonnés 

Dans les pages des tabloïds, la femme de Simon Harris, Caoimhe Wade, infirmière en cardiologie dans un hôpital pour enfants de Dublin, ainsi que leurs deux enfants, sont largement exposés. C'est que le politicien sait habilement entrelacer les aspects intimes de sa vie et son engagement politique sur des plateformes comme Facebook, Instagram... et surtout TikTok. Alors qu'il se prépare à devenir "taoiseach", il comptabilise presque 100 000 abonnés, soit plus de dix fois ceux du compte de son parti. Dans sa dernière vidéo, Simon Harris s'adresse face caméra à ses partisans, les remerciant pour leur "amitié". 

@simon_harristd

A big thank you for your support! The last few days have been a whirlwind. I just want to thank you all for your support and encouragement. It means a lot to me. If given the opportunity I will do everything I can to make the country a better place for all. #fyp #foryou #thankyou

♬ original sound - Simon Harris

À son poste de ministre de l’Enseignement, Simon Harris a exploité l'opportunité de pouvoir parcourir les campus, de faire des selfies avec les étudiants afin de cultiver l'image d’un homme politique proche de la jeunesse. Certains lui reprochent d'en faire trop pour attirer les jeunes électeurs. Au cours d'un débat animé en commission parlementaire, il a suscité l'incrédulité en utilisant l'expression "Chillax" (contraction de "chill out", se détendre, et "relax"). Il avait rétorqué que "tous les jeunes savent ce que ‘chillax’ veut dire". 

Ses opposants l'ont d'ailleurs surnommé "Leo 2.0" du fait de son usage intensif des réseaux sociaux et ses talents de communicants qui, selon eux, véhiculent les mêmes messages politiques que l'actuel dirigeant, considéré comme déconnecté de la réalité.

Confronté à des défis complexes comme la crise du logement et celle des sans-abris, Simon Harris aura du mal à conduire le Fine Gael vers un quatrième gouvernement consécutif. Avec en ligne de mire les prochaines élections législatives prévues d'ici mars 2025, il devra redoubler d'efforts. Le Fine Gael, actuellement en troisième position dans les sondages, avait été relégué il y a quatre ans loin derrière le Sinn Fein, le principal parti politique et ancienne branche de l'IRA (l'Armée républicaine irlandaise).